Jeûne intermittent : des bénéfices santé à confirmer
Passer plus de temps à ne pas manger qu’à manger : telle est la philosophie du jeûne intermittent avec des effets pas complètement prouvés mais encourageants. Décryptage.
Concentrer ses repas sur une période de 10 heures par jour et jeûner les 14 heures restantes. Telle était la consigne donnée aux participants à un essai clinique original mené en Californie (1). Ces volontaires présentaient différents marqueurs de risque cardiovasculaire : obésité abdominale, hypertension, taux de graisses dans le sang anormalement élevés, etc.
Tous les marqueurs améliorés
Au bout de trois mois de ce régime, restreint non pas sur ce qu’ils pouvaient manger mais dans la période où ils pouvaient manger, la plupart des paramètres de santé se sont améliorés. En moyenne, au bout de 3 mois de ce jeûne intermittent, les participants ont vu leur tour de taille affiné de 4,5 cm et leur pression artérielle abaissée de 5,1 mmHg (sur la systolique), une réduction des signes de diabète chez ceux qui en présentaient. Effet collatéral positif, une perte de poids de 3 kg a été observée. Ces résultats méritent confirmation car l’étude n’a été menée que chez 19 personnes et sans groupe de comparaison, ce qui en limite la portée.
Des essais à transformer
Toutefois, une littérature de plus en plus abondante dessine aujourd’hui les bénéfices de ce genre de jeûne, dit intermittent. Celui-ci peut prendre plusieurs formes : ne pas manger sur une longue période de la journée ou pendant quelques jours par semaine. En janvier 2020, une étude parue dans un des plus grands journaux médicaux internationaux (2) a fait le point. On est loin des « incroyables bienfaits pour détoxifier l’organisme » promus par certains sites. Les études montrent des résultats sur les « constantes » biologiques (ce que l’on peut mesurer dans le corps) comme l’hypertension, les taux de graisses dans le sang, la résistance à l’insuline, le taux de glucose et de marqueurs de l’inflammation. Chacun peut-il en bénéficier ? Difficile à affirmer car ces études ont surtout été faites chez des personnes obèses. De plus, on ne sait pas si ces modifications biologiques se traduisent concrètement par une réduction de maladies (par exemple moins d’infarctus). D’autant que les contraintes de ce genre de régime peuvent le rendre difficile à tenir dans la durée.
En pratique
En général, les périodes de jeûne sont de 16 à 18 heures par jour, ce qui laisse une « petite » fenêtre, de 6 h à 8 h seulement, pour s’alimenter chaque jour. En comparaison, la fenêtre de 10 heures proposée dans l’étude californienne reste compatible avec une vie sociale, professionnelle et familiale. Les volontaires n’ont pas particulièrement sauté de repas. Ils ont retardé l’heure de leur petit-déjeuner et avancé celle du dîner de façon à ne manger, par exemple, qu’entre 8 h et 18 h ou entre 10 h et 20 h.
(1) « Ten-hour time-restricted eating reduces weight, blood pressure, and atherogenic lipids in patients with metabolic syndrome », Cell Metabolism, 07/01/20.
(2) « Effects of intermittent fasting on health, aging, and disease », New England Journal of Medicine, 26/12/19.
Perrine Vennetier