UFC-Que Choisir Aude/Pyrénées-Orientales

Télévision : cette télécommande préfigure l’avenir

Télévision

Cette télécommande préfigure l’avenir

La télécommande désormais livrée avec les téléviseurs Samsung (1) est le parfait témoin d’une mutation profonde dans l’univers de la télévision. Les touches d’accès direct aux chaînes de la TNT ont disparu, signe que la télévision « linéaire » prend l’eau face aux services de VOD (vidéo à la demande). Netflix, Prime Video et Rakuten TV gagnent, eux, une touche d’accès direct. Décryptage.

On peut lire dans cette télécommande comme dans le marc de café. Et c’est l’avenir de la télévision qui s’y dessine. Sur le modèle présenté ici en photo, livré par Samsung sur la plupart de ses téléviseurs, exit les touches du pavé alphanumérique qui permettaient d’accéder aux chaînes de la TNT. Une courroie directionnelle occupe le centre de la télécommande, cerclée de touches qui tantôt activent un assistant vocal, tantôt donnent accès à des services de SVOD (vidéo à la demande par abonnement). Faut-il y voir une extinction programmée des traditionnelles chaînes de télévision au profit de services comme Netflix, Apple TV+, Amazon Prime Video, Rakuten TV et les autres ?

visuel telecommande samsung svod

1. Une seule touche pour toute la TNT

TF1, France 2, M6, Arte, Direct8 et les 22 autres chaînes de la TNT gratuite sont cachées derrière cette seule touche. La télévision linéaire n’est bien sûr pas menacée à court terme, mais l’arrivée de nouveaux acteurs et l’appétence des consommateurs pour la vidéo à la demande les invite à s’interroger sur l’avenir. Elles ont d’ailleurs déjà élargi leur offre au-delà des contours du petit écran. Toutes proposent leurs programmes en replay via les box des FAI ou sur leurs portails de contenus (6Play, myTF1, Arte.tv, etc.). Toutes ont aussi lancé une application mobile pour accéder à ces contenus depuis un smartphone ou une tablette tactile. Et TF1, France Télévisions et M6 prévoient de lancer en 2020 un service commun, Salto, qui devrait proposer du replay et de la VOD par abonnement. Bref, les chaînes classiques savent que la diffusion linéaire de programmes n’est plus la voie d’avenir. Les jeunes s’intéressent davantage aux séries accessibles à la demande sur leur smartphone qu’aux jeux télévisés diffusés à heure fixe sur le poste du salon !

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Les numéros des chaînes disparaissent de la télécommande mais se retrouvent directement sur l’écran du téléviseur.

2. Un assistant vocal dans la télécommande

Autre grande tendance, l’intégration de la reconnaissance vocale. Chez Samsung, l’assistant s’appelle Bixby, mais il en existe chez d’autres fabricants de téléviseurs (ThinQ chez LG, par exemple). La télécommande intègre un micro qui permet de piloter le téléviseur par la voix pour changer de chaîne, lancer un service de SVOD, monter le volume ou encore lancer un enregistrement. Cette fonction est aussi très en vogue au sein des box de FAI : Free a inauguré son assistant vocal sur sa Freebox Delta en décembre 2018, SFR l’a suivi sur sa SFR Box 8, Orange a activé le sien en novembre 2019 sur la télécommande vocale qui accompagne le décodeur TV UHD de sa Livebox. Notez que ces box, comme la plupart des téléviseurs, sont aussi désormais compatibles avec un assistant vocal, qu’il s’agisse de Google Assistant ou d’Alexa. L’utilisateur peut alors piloter son téléviseur en passant, cette fois, par son enceinte connectée (Amazon Echo, Google Home ou autre).

 

3. La SVOD en première ligne

Depuis l’arrivée en France de Netflix fin 2014, la SVOD a pris une nouvelle dimension. Plus de 17 millions de Français ont regardé au moins un contenu sur une plateforme de SVOD au cours des 12 derniers mois (2). Et s’ils sont plutôt jeunes (48 % de 15-34 ans et 25 % de 35-49 ans), un cinquième d’entre eux a plus de 50 ans.

Aujourd’hui, plusieurs services se livrent une concurrence féroce. Avec 6 millions d’abonnés en France, Netflix reste le plus populaire devant Amazon Prime Video, OCS ou encore Canal+ Séries. Apple a lancé son service début novembre et d’autres, comme Disney+ ou HBO Max, sont attendus en 2020. Ceci dit, les utilisateurs sont souvent abonnés à plusieurs d’entre eux. Un abonné à Canal+ (19,99 €/mois) avec le pack Ciné Séries (15 €/mois) a, par exemple, accès à Netflix et à OCS en plus de Canal+ Cinéma.

De nombreux fabricants intègrent une touche d’accès direct à Netflix, voire à d’autres services (Google Play chez Sony, par exemple) sur leurs télécommandes (sans toutefois sacrifier les touches alphanumériques). Sur la sienne, Samsung a choisi de dédier une touche à Netflix, une touche à Prime Video et une autre à Rakuten TV. « Rien n’est figé, si les services les plus populaires changent, nous changerons aussi », explique Alexis Rolin, responsable du marketing pour les TV.

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D’autres marques de téléviseurs proposent un accès direct aux services de vidéo à la demande.

Réforme de l’audiovisuel : les géants prêts à financer la création

L’irruption dans le paysage audiovisuel de géants du numérique comme Netflix, Amazon Prime, Apple TV+ et bientôt Disney+ accélère la réforme du secteur. Engagé il y a plusieurs mois, le projet de loi qui doit moderniser sa réglementation (régie par la loi relative à la liberté de communication de 1986) sera discuté au Parlement début 2020. Il intègrera en outre la transposition en droit français de la nouvelle directive SMA (services de médias audiovisuels), adoptée par l’Union européenne début 2019. Le texte prévoit de contraindre les plateformes numériques à consacrer 30 % de leur catalogue à des contenus européens et 16 % de leur chiffre d’affaires au financement d’œuvres françaises. « Nous sommes parfaitement en phase avec ces intentions, explique Anne-Gabrielle Dauba-Pantanacce, directrice de la communication de Netflix France. Nous n’avons pas vocation à débiter des contenus en masse, mais bien à proposer aux publics français et européen des séries, des documentaires, des émissions qui les intéressent. »

(1) Samsung livre avec une télécommande sans pavé alphanumérique et avec un accès direct aux services de SVOD ses téléviseurs Q950R, Q90R, Q85R, Q6xR (télécommande TM1990C), Q60R, Q70R, Q80R (TM1950C), RU7475 (TM1990A), RU8000, RU7410, RU7400 (TM1950A). Seules les gammes RU7100 et RU7300 conservent une télécommande plus classique (TM1240A), avec néanmoins un accès direct à Netflix et Prime Video notamment.

(2) Source : Médiamétrie, Global SVOD, octobre 2019.

 

Camille Gruhier

30 novembre 2019

Observatoire des Pannes : un outil contre l’obsolescence programmée des appareils

Observatoire des Pannes

Un outil contre l’obsolescence programmée des appareils

Promotrice d’une consommation responsable, attachée à la durabilité des produits, l’UFC-Que Choisir lance à la veille du Black Friday, symbole de l’hyperconsommation, notamment de produits high tech, son observatoire des pannes. Cet observatoire, qui s’inscrit dans le cadre d’un projet européen – le projet PROMPT -, permet grâce au signalement des consommateurs de leurs appareils trop vite usés, de détecter et d’agir contre les cas d’obsolescence programmée.

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Plusieurs procédés contestables existent de la part des fabricants pour réduire artificiellement la durée de vie appareils obligeant à les remplacer plutôt qu’à les réparer (composants fragiles, pièces détachées indisponibles, pièces essentielles inaccessibles, obsolescence logicielle, etc.)… Du lave-linge au fer à repasser, en passant par le nettoyeur vapeur, le smartphone ou le téléviseur, l’ensemble des produits du quotidien peut être concerné. Ces pratiques sont aussi préjudiciables à l’environnement qu’au pouvoir d’achat. Dès lors, l’UFC-Que Choisir entend faire, avec l’aide des consommateurs, toute la lumière sur la réalité des abus afin de lancer les actions nécessaires : pression sur les fabricants, lobby auprès des pouvoirs publics, combats judiciaires.

L’observatoire des pannes combine tout à la fois service individuel et action collective. En effet, tous les consommateurs peuvent signaler très simplement (quelques minutes suffisent) via un formulaire les pannes rencontrées trop rapidement avec leurs appareils et obtenir, le cas échéant, des lettres-types et/ou conseils pour faire valoir leurs droits. Parallèlement, le recensement et l’analyse de tous les signalements par l’association doit lui permettre de déceler les cas problématiques, mener l’enquête via les tests comparatifs notamment, et d’actionner tous les leviers (lobby, actions judiciaires) pour lutter contre les cas d’obsolescence programmée. Alors que, dans le cadre du projet PROMPT, cet outil a été mis en place par plusieurs associations de consommateurs européennes, la mise en commun des signalements devrait permettre de démultiplier l’impact de cet outil.

L’UFC-Que Choisir appelle donc tous les consommateurs à se mobiliser et à signaler tous leurs appareils devenus trop vite inutilisables pour, ensemble, imposer une conception écoresponsable des produits.

30 novembre 2019

Aliments destinés aux enfants : contre la malbouffe, le Nutri-Score s’impose !

Aliments destinés aux enfants

Contre la malbouffe, le Nutri-Score s’impose !

Alors que deux ans après son introduction officielle, le Nutri-Score n’est présent que sur 5 % des produits1, l’UFC-Que Choisir a passé au crible2 des aliments industriels destinés aux enfants et démontre que si le Nutri-Score était affiché les parents écarteraient beaucoup de ces produits. Avec près d’un enfant sur cinq touché par l’obésité ou le surpoids3, il est plus que jamais indispensable de faire toute la transparence sur la composition nutritionnelle des aliments. C’est pourquoi l’Association appelle l’opinion publique à se mobiliser en signant la pétition d’initiative citoyenne européenne www.pronutriscore.org/.

Afin de faire la lumière sur les caractéristiques nutritionnelles des aliments industriels couramment donnés aux enfants et alors que 82 % des consommateurs n’arrivent pas à lire le complexe tableau d’analyse nutritionnelle obligatoire4, l’UFC-Que Choisir a calculé le Nutri-Score pour une trentaine d’aliments et boissons de grandes marques parmi les plus vendus qui – à l’exception d’un seul produit5 – ne l’affichent pas sur leur emballage. Les résultats de cet examen sont déplorables.

Céréales pour enfants : le faux-ami du petit déjeuner

Pour le petit déjeuner, à l’exception notable des céréales « Nesquik au blé complet » de Nestlé (notée Nutri-Score « B » vert clair), les produits phares que propose l’industrie alimentaire pour le goûter se révèlent trop caloriques. Les céréales « Chocapic » et « Lion » de Nestlé et « Coco Pops » de Kellogg’s sont ainsi notées « C ». La majorité des produits du petit déjeuner (biscuits pour petit déjeuner Prince de LU-Mondelez, céréales Frosties et Trésor de Kellogg’s) écope d’un « D », soit le même score qu’un croissant au beurre. Mais ce sont les « BN p’tit dèj » qui reçoivent la plus mauvaise note avec un Nutri-Score « E » équivalent à celui des gaufres fourrées au sucre !

Nutri-Score pour 9 produits du petit déjeuner destinés aux enfants

Nutri-Score pour 9 produits du petit déjeuner destinés aux enfants

Un goûter équilibré, c’est mission quasi impossible !

Proposer un quatre heures équilibré aux enfants semble être inatteignable avec des aliments industriels. Certes les compotes « St Mamet » et « Pom’potes » sont classées Nutri-Score « A » et sont à ce titre les produits ayant la meilleure qualité nutritionnelle de notre échantillon. Mais si l’on cherche des aliments plus consistants pour « caler » les enfants, aucun produit de notre échantillon n’est à recommander pour une consommation quotidienne. Le score « D » est ainsi attribué au gâteau « Lulu l’ourson au chocolat », aux biscuits « Prince » de Lu-Mondelez, au gâteau « Savane au chocolat » de Brossard, ainsi qu’aux barres céréalières « Chocapic » et « Nesquik » de Nestlé. Les « bonnets d’âne » sont décernés aux crêpes fourrées au chocolat « Whaou », aux barres « Prince », aux « Dinosaurus » de Lotus, aux « Pépitos pockitos » au chocolat de Lu-Mondelez qui reçoivent un « E ». Les Pépitos se révèlent particulièrement caloriques car le sucre et les matières grasses représentent deux tiers de leur poids !

Nutri-Score pour 11 goûters destinés aux enfants

Nutri-Score pour 11 goûters destinés aux enfants

Boissons pour enfants : le Nutri-Score démystifie le « fruit-washing »

Dans notre échantillon, seules les bouteilles de Vittel (Nestlé) à destination des enfants récoltent un Nutri-Score « A ». En revanche, toutes les autres boissons de notre échantillon se révèlent mal classées sur le plan nutritionnel du fait de leurs teneurs élevées en sucre. « Fruit shoot tropical », « Fruit shoot fruits rouges » de Teisseire et « Heroic Kids framboise cassis » sont ainsi classés « D ». S’agissant plus particulièrement « d’Oasis » et « Capri-Sun », on doit dénoncer l’instrumentalisation de l’image des fruits sur les emballages. Alors que le véritable jus d’orange est étiqueté « C », ces boissons sucrées n’incorporent que 12 % de jus d’orange ou d’agrumes et écopent du Nutri-Score « E » en raison de l’ajout de sucre.

Les laits aromatisés quant à eux constituent un cas particulier : ils sont souvent donnés par les parents pour désaltérer les enfants, mais les nutritionnistes considèrent qu’il s’agit plutôt d’aliments et non pas de boisson. A ce titre, les donner en plus d’autres aliments, c’est un peu « double ration ».

Nutri-Score pour 10 boissons destinées aux enfants

Nutri-Score pour 10 boissons destinées aux enfants

Si notre étude démontre qu’à rebours des recommandations officielles, trop d’industriels continuent à saturer leurs produits de sucres et de matières grasses, elle souligne aussi que le Nutri-Score permet de faire comprendre en un clin d’œil leur mauvaise qualité nutritionnelle. Cet étiquetage n’étant qu’optionnel en raison d’une législation européenne, l’UFC-Que Choisir a lancé en mai une initiative citoyenne européenne pour obliger les instances européennes à rendre l’affichage du Nutri-Score obligatoire dans toute l’Union. Cette initiative lancée par l’UFC-Que Choisir au côté de 6 associations de consommateurs de six pays européens, a reçu le soutien de nombreux nutritionnistes, de sociétés savantes et de 15 ONG. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit à la fois de permettre un choix éclairé aux parents et d’inciter les industriels à améliorer leurs recettes. l’UFC-Que Choisir invite donc les consommateurs à rejoindre les 80 000 citoyens engagés qui ont déjà « voté » pour le Nutri-Score, en signant la pétition www.pronutriscore.org/6.

Notes

1 Source : estimation UFC-Que Choisir pour les références les plus couramment trouvées dans les grandes surfaces à partir des données de l’Oqali (« Déploiement du Nutri-Score : analyse à partir des données transmises à l’Oqali » – Observatoire de la Qualité des Aliments Septembre 2019).
2 Les données nutritionnelles sont celles publiées par les fabricants sur leurs sites Internet ou disponibles sur les sites drives de grandes enseignes de la distribution. Le Nutri-Score est calculé sur le tableur officiel du Nutri-Score disponible sur le site de Santé Publique France.
3 13 % d’enfants (de 6 à 17 ans) sont en surpoids et 4 % sont obèses, soit au total 17 % – Etude ESTEBAN 2014-2016 – Santé Publique France.
4 “Survey on European consumers” perception of foodstuffs labelling’ – Beuc – Septembre 2015.
5 Les gourdes de compote « Pom’potes » portent le Nutri-Score « A » sur leur emballage.
6 Les données exigées, notamment le numéro de carte d’identité ou de passeport, le sont en raison de la législation sur l’ICE et sont collectées sur le site sécurisé de la Commission Européenne.

 

30 novembre 2019

Chauffage au bois Compétitif mais parfois trop polluant

Chauffage au bois

Compétitif mais parfois trop polluant

Si le chauffage domestique au bois présente de nombreux avantages, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), il peut aussi être très polluant quand il émet quantité de particules fines. Comment se chauffer sans dégrader la qualité de l’air ?

Chauffage au bois Compétitif mais parfois trop polluant

Le bois domestique est une énergie renouvelable, locale, créatrice d’emplois et économiquement compétitive pour les particuliers, rappelle l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Voilà pour ses indéniables avantages. Mais il y a un revers à la médaille : « La combustion du bois émet des polluants, notamment des particules, qui dépendent fortement du type d’appareil et de son ancienneté », ajoute l’Agence.

Pour une quantité équivalente d’énergie produite, « un appareil récent performant, soit de niveau 7 du label Flamme verte, émet 30 fois moins de particules fines qu’une cheminée, et 13 fois moins qu’un foyer fermé d’avant 2002 », souligne l’Ademe qui plaide pour un renouvellement massif du parc existant d’appareils de chauffage au bois.

Tant qu’à changer, il faut évidemment miser sur des appareils qui offrent un rendement élevé et qui polluent peu. Malheureusement, on ne peut guère se fier aux performances affichées par le label Flamme verte que soutient l’Ademe, comme l’a démontré l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) en 2018 dans son rapport sur le chauffage au bois. En effet, alors que 80 % des émissions polluantes ont lieu pendant les 10 à 15 minutes qui suivent l’allumage à froid, lors des rechargements en bois, et que le fonctionnement à allure réduite est aussi très émissif, toutes ces phases sont exclues des tests du label Flamme verte ! Du coup, il sous-estime fortement les émissions de polluants et surestime le rendement.

Des alternatives parfois coûteuses

L’idéal est d’opter pour un appareil à granulés, chaudière ou poêle selon les cas. Leurs performances énergétiques sont nettement supérieures à celles des appareils à bûches, leurs émissions de polluants très réduites.

Il existe aussi une façon optimale et confortable de se chauffer aux bûches, c’est le poêle de masse. Mais son succès reste limité, sans doute parce qu’il coûte beaucoup plus cher (6 000 à 12 000 €).

Si bien que le poêle à bûches reste incontournable quand on dispose de bois facilement. Pour limiter les émissions de polluants, il convient alors d’adopter les bonnes pratiques. Avant tout, utiliser du bois sec, qui a séché au minimum 2 ans, le rentrer 24 heures à l’avance, allumer le feu par le haut, enfin limiter au maximum le fonctionnement à allure réduite, qui émet énormément de particules.

De plus, une règle de base s’impose quel que soit l’équipement retenu : tous les appareils étant optimisés pour fonctionner à plein régime, il faut éviter de surdimensionner l’installation.

Élisabeth Chesnais

25 novembre 2019

Courrier aux députés : soutien de l’UFC-Que Choisir de l’Aude à la proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention

Objet : Soutien de l’UFC-Que Choisir de l’Aude à la proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention

Madame la députée, Monsieur le député,

Alors que l’examen à l’Assemblée nationale de la proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention débutera le mercredi 27 novembre en commission des affaires sociales, permettez-moi de vous contacter pour vous faire part des résultats d’une enquête menée par l’UFC-Que Choisir de l’Aude relative aux difficultés d’accès aux soins des Audois.

Cette enquête, conduite auprès de 56 médecins généralistes du département, met en exergue le fait que 52 % d’entre eux refusent de nouveaux patients en tant que médecin traitant. En outre, 9 % supplémentaires émettent le souhait de rencontrer ceux-ci avant de décider d’un éventuel suivi. Quant aux raisons de ces réticences, 74 % des médecins enquêtés indiquent disposer d’une patientèle d’ores et déjà trop importante, et 26 % d’entre eux disent s’apprêter à prendre leur retraite. Au niveau national, ce sont 44 % des médecins enquêtés qui refusent les nouveaux patients.

Cette situation est particulièrement préoccupante pour les Audois. En effet, l’accès à un médecin traitant conditionne la qualité du parcours de soin des patients, ainsi que le bon remboursement de leurs frais de santé. Il s’agit donc d’un enjeu sanitaire de tout premier ordre, dont nous vous invitons à vous saisir.

La proposition de loi n°2354 contre la désertification médicale et pour la prévention, dont l’examen à l’Assemblée nationale est imminent, comprend certaines mesures dont l’application permettrait d’endiguer la désertification médicale dont notre département fait l’objet. En effet, celle-ci amènerait, par l’instauration d’un conventionnement territorial des médecins, les professionnels de santé à exercer là où se situent réellement les besoins de la population. C’est donc aux territoires comme le nôtre que l’adoption de cette proposition de loi bénéficierait.

Ainsi, comptant sur votre détermination à assurer l’accès aux soins des Audois, l’UFC-Que Choisir de l’Aude vous invite à voter en faveur de ce texte. Notre fédération se tient à votre disposition pour tout échange à ce sujet.

Je vous prie d’agréer, Madame la députée, Monsieur le député, l’expression de mes respectueuses salutations.

 

Christian MATHONNEAU

Président de l’UFC-Que Choisir de l’Aude

25 novembre 2019

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : ENQUÊTE AUPRÈS DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES DU DÉPARTEMENT

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ENQUÊTE AUPRÈS DES MÉDECINS GÉNÉRALISTES DU DÉPARTEMENT 

(L’article de l’indépendant en pièce jointe en bas de l’article)

Près d’un médecin traitant Audois sur deux refuse de nouveaux patients.

L’UFC-Que Choisir de L’Aude publie aujourd’hui les résultats alarmants d’une enquête menée
auprès de 56 médecins généralistes du département. Ce travail inédit jette un nouvel éclairage sur la
problématique de la fracture sanitaire : il montre la grande difficulté pour de nombreux audois à
trouver un médecin traitant, qui témoigne, si besoin était, de l’urgence d’une réforme de la répartition
des praticiens sur le territoire. C’est pourquoi l’association appelle les parlementaires à instaurer un
conventionnement territorial des médecins, et demande à la Ministre de la Santé des mesures d’urgence pour garantir à chaque Français l’accès à un médecin traitant.
52 % des médecins généralistes enquêtés refusent les nouveaux patients.
L’enquête inédite menée par les bénévoles de l’UFC’Que Choisir de l’Aude en juin dernier a permis de
contacter anonymement 56 médecins généralistes pour savoir s’ils acceptaient de nouveaux patients en tant
que médecin traitant 1

. 52 % des médecins interrogés ont refusé notre demande, et 9 % supplémentaires ont
déclaré qu’ils souhaitaient d’abord voir le patient avant de se décider. Quant aux motifs évoqués par les
professionnels de santé enquêtés, 74 % déclarent avoir déjà trop de patients, quand 26% arguent de leur
départ prochain à la retraite.
Par rapport au reste du pays, notre département est particulièrement touché par les difficultés d’accès aux
soins, puisqu’au niveau national, ce sont 44 % des généralistes qui refusent les nouveaux patients.
Comment s’étonner dès lors que près d’un Français sur dix n’ait pas de médecin traitant déclaré? 2

Des disparités au sein du département
La disponibilité des médecins généralistes au sein du département varie selon les communes. Ainsi, parmi
les cinq communes dans lesquelles nous avons enquêté le plus de médecins, le taux de refus des nouveaux
patients varie de 50 % à 100 %. Pour Carcassonne, ce sont 75 % des médecins enquêtés qui ont déclaré
ne plus accepter de patients supplémentaires, pour Castelnaudary 50%, Narbonne 75%, Limoux 100% et
Trèbes 67%.

La pénurie de médecins traitants menace l’accès de tous aux soins de qualité
Cette situation est d’autant plus préoccupante que notre système de santé est organisé depuis quinze ans
autour de la figure du médecin traitant, appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin. En
conséquence, ne pas avoir de médecin traitant expose les usagers à une forte pénalisation de leurs
remboursements de soins ; encore faudrait-il qu’ils soient en mesure d’en choisir un ! Cette carence est en
outre le symptôme d’un problème plus large de mauvaise répartition des médecins sur le territoire du fait
d’une liberté totale d’installation, dénoncée de longue date par l’UFC – Que Choisir, et par un nombre
croissant d’acteurs (Cour des Comptes, Direction du Trésor, etc.).

Décidée à garantir un égal accès aux soins sur tout le territoire, l’UFC – Que Choisir de l’AUDE
adresse aujourd’hui un courrier aux députés du département, pour les appeler à adopter la
proposition de loi contre la désertification médicale et pour la prévention, bientôt examinée à
l’Assemblée nationale. Cette loi amènerait, par l’instauration d’un conventionnement territorial des
médecins, les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population.

Par ailleurs, l’UFC-Que Choisir demande à la Ministre de la Santé de mettre fin à la pénalisation financière des usagers sans médecin traitant, devenue inique dans les nombreux territoires en pénurie de médecins, et à organiser d’urgence un système de désignation d’un médecin traitant à chaque usager qui en fera la demande.

1 Enquête conduite entre le 8 et le 22 juin 2019 par les bénévoles de notre association
2 Source : Assurance Maladie, citée dans le Rapport des délégués nationaux à l’accès aux soins, octobre 2018

 

 

25 novembre 2019

Aliments transformés : un peu moins d’additifs dans nos plats

Aliments transformés

Un peu moins d’additifs dans nos plats

Bonne nouvelle pour notre santé : les aliments transformés contiennent moins d’additifs, constate l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Ceux qui en sont dépourvus pèsent désormais 22 % du total. Mais il reste encore des marges de progrès conséquentes : près de la moitié des produits contient au moins trois substances différentes. Parmi les plus mauvais élèves figurent les viennoiseries et desserts surgelés, les produits traiteurs frais, et les glaces et sorbets, qui sont trop souvent saupoudrés de plus de 10 additifs.

Les industriels de l’agroalimentaire ont entendu le souhait des consommateurs : manger des produits moins truffés de molécules aux noms abscons. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié le 19 novembre un état des lieux de l’utilisation des additifs dans les aliments transformés (1). Les pratiques des fabricants semblent plutôt aller dans le bon sens, avec « une baisse de l’emploi des additifs les plus utilisés » entre 2008 et 2018. Un petit dérapage à la hausse est constaté pour 4 des 46 additifs les plus fréquents, mais il est peu inquiétant car tous sont classés verts (acceptables) dans notre évaluation des additifs alimentaires. Il s’agit des :

De plus, les caroténoïdes et les anthocyanes sont des colorants d’origine naturelle, qui viennent probablement en substitution de colorants de synthèse. Quant à la pectine, c’est un agent de texture également d’origine naturelle. Cette évolution confirme la tendance à davantage de naturalité des produits.

Le « top 8 » encore très présent

Sur plus de 300 additifs autorisés (2), tous ne sont pas utilisés, loin de là. Seuls 42 % sont retrouvés dans au moins 2 % des aliments, et seuls 8 d’entre eux le sont fréquemment (dans plus de 10 % des aliments). Mais ils peuvent être quasi omniprésents dans certaines catégories alors qu’ils ne sont pas tous inoffensifs.

Ce « top 8 » regroupe :

Additif alimentaire Fonction principale Utilisation Classement dans notre évaluation
Acide citrique (E330) Régulateur de l’acidité 23 % des produits (par exemple 2 % des charcuteries mais 75 % des conserves de fruits) Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)
Amidons modifiés (regroupant plus de 10 additifs différents) Épaississants 22 % des produits (sauces chaudes, par exemple) Vert (acceptable)
Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)
Orange (peu recommandable)
Lécithines (E322) Émulsifiants 17 % des produits dont 94 % des chocolats et produits chocolatés ou encore 88 % des laits infantiles et 84 % des barres céréalières Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)
Mono et diglycérides d’acides gras (E471) Émulsifiants ou gélifiants 15 % des produits mais jusqu’à 77 % des glaces et sorbets, 54 % dans les produits de panification et 25 % dans les céréales du petit déjeuner Orange (peu recommandable)
Acide ascorbique (E300) Antioxydant 13 % des produits Vert (acceptable)
Gomme xanthane (E415) Épaississant 13 % des produits Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)
Gomme de guar (E412) Épaississant 12 % des produits Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)
Carraghénanes (E407) Gélifiant 10 % des produits Jaune (tolérable, vigilance pour certaines populations)

Il s’agit principalement de texturants, qui ne sont pas employés pour un usage sanitaire mais plutôt pour leur rôle cosmétique, ou de praticité pour les opérateurs industriels. Et ils continuent à être largement utilisés dans les aliments infantiles de diversification, dont 28 % des produits contiennent par exemple des amidons modifiés.

Nous avons également vérifié, pour quelques additifs que nous classons rouges (à éviter), dans quelle proportion ils étaient encore présents. Au hasard, le quelque peu controversé nitrite de sodium : il s’affiche encore dans 71 % des charcuteries, mais aussi 40 % des produits de snacking surgelés ou encore 27 % des produits traiteurs frais ! Soulignons néanmoins l’effort de la filière charcutière pour cet additif jouant un rôle d’ordre sanitaire (lutte contre la toxine botulique) : ce taux de 71 % est inférieur de 4 points à celui de 2008. Le nitrate de potassium se retrouve quant à lui dans 31 % des charcuteries, le colorant caramel dans 12 % des boissons rafraîchissantes (non alcoolisées) ou encore la tartrazine dans 9 % des sirops…

Au moins un additif dans 78 % des produits

Cette amélioration mise en avant par l’Anses n’est donc pas tout à fait une révolution. D’autant que la majorité des produits (78 %) contiennent encore au moins un additif, et presque la moitié (47 %) au moins trois. La palme revient aux secteurs des viennoiseries et desserts surgelés, des produits traiteurs frais et des glaces et sorbets, dont respectivement 16 %, 15 % et 12 % des produits utilisent plus de 10 additifs (3).

Néanmoins, la tendance est positive : la part d’aliments sans additifs a augmenté de 5 points, le plus souvent au détriment de produits présentant 4 additifs et davantage. Les catégories ayant fait les plus gros efforts sont les produits traiteurs frais – qui partaient tout de même de loin – avec +13 points ! Les pizzas surgelées et les préparations pour desserts ont progressé de 9 points, suivis par les apéritifs, les charcuteries et les plats surgelés.

Des alternatives à évaluer

Il sera intéressant d’évaluer aussi les alternatives que les industriels utilisent pour remplacer ces additifs, comme « les nouveaux traitements technologiques, la diminution de la durée de conservation du produit, ou la substitution par d’autres substances » énumérées par l’Anses. Mais attention que le « clean labelling » ne dérive pas en « clean washing » : d’autres ingrédients sont désormais proposés pour se substituer aux additifs « Exxx », avec les mêmes propriétés, mais sans être soumis à la même réglementation, donc aux mêmes contrôles…

Quelle catégorie de distributeur s’en sort le mieux ?

Ce sont les marques nationales qui présentent le plus de produits sans additif (27 % de leurs offres). Les autres secteurs suivent dans un mouchoir de poche : 21 % des marques de distributeurs, 20 % des premiers prix et 19 % des hard discounters.

 

(1) D’après les données de l’Observatoire de l’alimentation (Oqali, géré par l’Anses et l’Institut national de la recherche agronomique) sur plus de 30 000 produits alimentaires couvrant 73 % des volumes.
(2) L’utilisation des additifs est encadrée par la réglementation européenne (CE no 1333/2008).
(3) Les confiseries, qui sont pour la plupart truffées de ces petites molécules, notamment des colorants, ne sont pas prises en compte dans ce rapport car ces produits étaient en cours d’analyse lors de sa rédaction.

Elsa Casalegno

Cécile Lelasseux

23 novembre 2019

Test du Google Pixel 4 : un smartphone trop fragile

Test du Google Pixel 4

Un smartphone trop fragile

Le Google Pixel 4 sort de notre laboratoire avec des résultats en demi-teinte. D’un côté, le nouveau smartphone de Google, vendu 769 €, affiche de bonnes performances et des photos d’excellente qualité. Mais de l’autre, il s’avère trop fragile : l’appareil est sorti brisé de notre test de résistance aux chutes, alors que la grande majorité des smartphones s’en sort avec quelques égratignures.

Depuis son premier Pixel, lancé en 2016, Google a su montrer qu’il sait proposer des smartphones aux performances intéressantes. Mais le géant du Web n’est décidément pas le champion de la solidité. Les Google Pixel 3 et Pixel 3 XL, sortis l’an dernier, n’avaient déjà pas bien supporté notre test de résistance aux chutes. Le premier avait vu sa face arrière cassée, comme le second, dont l’écran n’avait pas résisté non plus. La face arrière de ces deux smartphones était par ailleurs sensible aux rayures. Problème réglé sur les nouveaux smartphones Google Pixel 4 et Pixel 4 XL : ni leur écran, ni leur face arrière ne sont sensibles aux rayures. En revanche, si le Pixel 4 XL est sorti de notre test de chutes avec des égratignures sur les bords, sans conséquence sur son fonctionnement, le Pixel 4 a davantage souffert.

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La solidité des smartphones est éprouvée dans un tambour rotatif qui simule 100 chutes de 80 cm de hauteur.

Pour évaluer la solidité d’un smartphone, notre laboratoire simule, grâce à un tambour rotatif, 50 chutes de 80 cm de haut. Il examine l’appareil après ce premier cycle et, s’il est en bon état, le replace dans le tambour pour 50 nouvelles chutes. S’il est déjà trop endommagé, le laboratoire renouvelle le test avec un nouvel exemplaire du téléphone. Dans tous les cas, nous renouvelons l’opération avec deux exemplaires minimum, afin d’éliminer toute fragilité « exceptionnelle ».

Nous avons procédé au test sur trois exemplaires du Google Pixel 4. Le premier cycle de 50 chutes n’a fait qu’égratigner les appareils. Mais après 100 chutes, le constat est sévère : l’un des appareils, très abîmé sur les bords, fonctionne ; le deuxième voit son écran brisé ; le troisième ne fonctionne plus du tout.

visuel google pixel 4 fragile
Sévères égratignures sur les bords, écran brisé ou appareil hors d’usage : le Pixel 4 est trop fragile.

La majorité des smartphones testés (377 au total !) passe sans problème les 100 chutes. Mais nous relevons régulièrement des défauts de solidité, notamment sur des smartphones haut de gamme. Ainsi, ni les Samsung Galaxy S8 et S8+, ni les Apple iPhone XS et XS Max (pour ne citer que ceux-là de notre flop 10 des smartphones les plus fragiles) n’avaient résisté.

Camille Gruhier

Vincent Erpelding

23 novembre 2019

Tesla Model 3 : premières impressions

Tesla Model 3

Premières impressions

La Tesla Model 3 est presque compétitive en termes de tarifs et affiche un très bon niveau de performance. Dommage que la routière électrique de Tesla pèche par quelques détails de finition.

 

visuel intro tesla model 3

Avec sa Model 3, Tesla propose une routière performante et, surtout, d’un niveau technologique, notamment en matière de connectivité, inégalé. À tel point que le premier contact peut dérouter. Mais ceux qui prendront le temps de se l’approprier ne devraient pas être déçus.

 

Qualité de vie à bord

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L’habitacle de la Model 3 est épuré au maximum comme pour toutes les Tesla.

À l’intérieur de la Tesla Model 3, on est immédiatement surpris par l’absence totale de boutons et de cadrans et par la présence d’un immense écran central : une vraie tablette placée en position horizontale. On aurait presque envie de la décrocher pour la prendre dans les mains ! Exit donc le combiné d’instruments placé devant le conducteur. Tout se passe via ce gigantesque écran central : affichage de la vitesse, modification des réglages, allumage des feux, des essuie-glaces, etc. Un moyen, peut-être, pour le constructeur de limiter les sources de consommation de courant (éclairage, compteurs digitaux, etc.) afin d’augmenter l’autonomie de la voiture. Une approche malgré tout un peu déroutante lorsqu’on s’installe à bord pour la première fois. Même si les informations sont simples et claires, les habitudes ont la vie dure et nous avons été gênés au moment de vouloir mettre les essuie-glaces en route en doublant un camion qui nous envoyait d’inquiétantes gerbes d’eau. En fait, nous aurions pu, si nous l’avions su, utiliser le bouton placé sur l’extrémité de la manette de gauche qui permet d’actionner les balais à la demande. Il est vrai qu’une journée de conduite n’est pas suffisante pour intégrer toutes les subtilités et que celui qui utilise sa voiture tous les jours aura vite fait de s’approprier toutes les commandes.

photo2 tesla model 3
Tous les réglages sont gérés via l’écran, ce qui impose un temps d’adaptation.

L’autre caractéristique de la « petite » Tesla est sa connectivité. Comme sur les autres modèles de la marque (le SUV Tesla X et la sportive Tesla S), le véhicule est amené à évoluer au fil des ans grâce aux mises à jour régulières qui seront diligentées par le constructeur. Par exemple, elle devrait prochainement recevoir la reconnaissance des feux de signalisation et des panneaux stop (avec arrêt automatique en mode Autopilot) ou la conduite automatisée en ville. De même, le smartphone est devenu l’outil indispensable aux propriétaires de Tesla et il permet non seulement d’ouvrir et fermer la voiture mais aussi de programmer la mise en température de l’habitacle, d’ouvrir et de fermer les coffres… Allergiques aux nouvelles technologies s’abstenir.

La simplification à l’extrême et la concentration des fonctions sur un seul support permet également d’obtenir un intérieur très épuré et donne une belle impression d’espace. La qualité de fabrication est au rendez-vous et les matériaux utilisés sont de bonne qualité. L’habitacle affiche également une excellente habitabilité et 5 passagers pourront voyager dans d’excellentes conditions. La place aux jambes à l’arrière est même certainement la meilleure des routières du marché. Les espaces de rangement sont un peu justes mais s’avèrent pratiques. À noter que la voiture possède deux coffres, dont un gigantesque à l’arrière. On regrette que leur ouverture et fermeture ne soit pas aussi agréable que sur d’autres modèles. Il suffit de fermer le coffre arrière un peu trop fort pour qu’un bruit de ferraille désagréable agresse les oreilles.

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Les passagers arrière disposent d’un espace très confortable.

Au volant

La conduite de la Model 3, comme pour tous les véhicules électriques, est assez agréable. Le silence de fonctionnement et l’absence de vibrations procurent en effet une conduite apaisée et tranquille et l’américaine ne déroge pas à la règle. En ville, nous avons apprécié la très bonne visibilité apportée par la grande surface vitrée, ce qui facilite grandement les manœuvres. Sur route, la Model 3 s’est également avérée agréable à l’usage. Seul grief à son encontre, des suspensions rigides et inconfortables lorsque le revêtement est dégradé. Tous les défauts sont alors intégralement subis par les occupants. Sur les petites routes de campagne, souvent bosselées, on est même ballottés de part et d’autre ce qui n’est pas franchement agréable. Le conducteur devra alors faire preuve d’une grande maîtrise pour éviter de malmener les passagers. Heureusement, dès que les conditions de roulage s’améliorent, le confort est au rendez-vous. Ainsi sur autoroute, les occupants voyageront dans de très bonnes conditions.

photo4 tesla model 3
Un simple coup d’œil sur l’appli permet de connaître l’autonomie restante de la voiture.

En ce qui concerne l’autonomie, la Model 3 Grande Autonomie (le milieu de gamme) affiche une distance de 560 km selon le nouveau protocole WLTP. Mais ça, c’est sur le papier. Dans la réalité, nous avons parcouru 160 km avec 60 % de la capacité. Ce qui amène à une distance totale de 267 km. Cela peut sembler faible, mais notre parcours a été effectué sous la pluie, avec les feux allumés, sans se soucier de préserver l’autonomie et en effectuant plusieurs accélérations franches. L’autre parcours de 160 km, sur des routes urbaines et nationales en adoptant une conduite plus écolo, n’aura demandé que 42 % de la capacité des batteries. Soit une autonomie totale de 380 km. Là encore, en faisant un peu plus attention, nous aurions facilement pu gagner quelques dizaines de kilomètres. Il est donc judicieux de tabler sur une autonomie de 400 km si on roule sur nationale et de 300 à 350 km sur autoroute selon les conditions de circulation. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas d’inquiétude à avoir car le système de navigation optimise le trajet en fonction des éventuels besoins de charge. Il calcule alors l’itinéraire en tenant compte de la disposition géographique, de la disponibilité des superchargeurs du constructeur et du temps d’arrêt nécessaire pour retrouver une certaine autonomie. Soulignons que le système ne conseille pas toujours de longs arrêts et peut préconiser une charge d’une quinzaine de minutes seulement qui permet alors de retrouver l’autonomie suffisante pour arriver à bon port.

 

Sécurité

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Le système Autopilot repère même les balises de chantier.

La Model 3 équipée du système Autopilot est l’une des plus performantes en termes d’aides à la conduite. Si certains dispositifs d’aide à la conduite restent encore mal maîtrisés par les conducteurs aujourd’hui, ceux de la Tesla sont très intuitifs et faciles à mettre en œuvre. Côté sécurité passive, le constructeur précise que la structure de la voiture, alliant acier et aluminium, offre une résistance maximale dans toutes les zones. Son toit, entièrement en verre, a même été soumis à rude épreuve et a été capable de supporter quatre fois le propre poids de la voiture.

Résultats crash test EuroNCAP

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  • Protection des occupants adultes : 96 %
  • Protection des enfants : 86 %
  • Protection des usagers vulnérables de la route : 74 %
  • Aide à la sécurité : 94 %

 

La Tesla Model 3 en résumé

Avec Tesla, pas de mauvaise surprise en termes de tarif car les options sont quasiment inexistantes et la Model 3 n’est disponible qu’en trois versions :

  • Autonomie Standard Plus (43 600 €) ;
  • Grande Autonomie (53 000 €, la version prise en main) ;
  • Performance (58 890 €).

Seuls le crochet d’attelage (1 070 €) et le système de conduite Autopilot (6 300 €) peuvent être ajoutés. Bonus écologique de 6 000 € déduit, la facture finale de notre Model 3 s’élève donc à 53 300 €. Mais, malin, le constructeur avance un pion non négligeable pour comparer ses tarifs à ceux de la concurrence : les économies de carburant réalisées. À ce jeu très relatif, notre routière ne coûterait plus que 48 800 €. Ce qui reste toutefois un peu plus élevé qu’une Peugeot 508 2.0 BlueHDi 160 ch EAT8 GT Line (41 600 €) ou qu’une Renault Talisman 1.6 dCi 160 ch EDC6 Initiale Paris (42 800 €). Une Mercedes Classe C 300e Avantgarde Line coûte, elle, plus cher et se positionne à 55 099 €.

Les +

  • Ligne
  • Habitabilité
  • Performances
  • Agrément de conduite
  • Luminosité

Les –

  • Finition inférieure à la concurrence
  • Suspensions fermes sur mauvais revêtement
visuel fin tesla model 3

Yves Martin

23 novembre 2019

Procès du Médiator : l’impuissance des autorités

Procès du Médiator

L’impuissance des autorités

Le tribunal correctionnel de Paris cherche à comprendre, depuis le 12 novembre, pourquoi l’Agence du médicament a, malgré les signaux d’alerte, laissé le Mediator (benfluorex) sur le marché pendant 33 ans.

Procès du Mediator L’impuissance des autorités

Au procès dit du Mediator, devant le tribunal correctionnel de Paris, le temps des héros est terminé. Après avoir entendu Irène Frachon, pneumologue, décisive dans le retrait du médicament en 2009, et d’autres qui ont dit, à leur niveau, leurs suspicions sur la toxicité du produit, le tribunal questionne celles et ceux qui, malgré leur position à l’Agence du médicament (l’Afssaps devenue l’ANSM depuis), n’ont pas vu les signaux d’alerte. Leur incapacité à agir a laissé le champ libre aux laboratoires Servier pour vendre le Mediator pendant 33 ans. Résultat, plusieurs centaines de décès et des milliers de personnes opérées du cœur.

Au tribunal, les débats sont laborieux : les souvenirs des témoins sont imprécis, car les faits remontent à 20 ans, parfois plus. La culpabilité, quand ce n’est pas le chagrin, d’avoir contribué à la passivité des autorités de régulation et au bilan désastreux du Mediator n’arrange rien.

Christian Riché, professeur de pharmacologie, fond en larmes dans les bras d’Irène Frachon à l’issue de son audition. Grâce à son appui, la pneumologue de Brest a pu, en 2008, forcer les portes de l’Agence du médicament et exposer les données qui ont abouti au retrait du Mediator. Mais il est aussi devant le tribunal pour une période moins glorieuse de son parcours : il a été le président impuissant de la commission nationale de pharmacovigilance entre 1998 et 2001. C’est un moment crucial dans le dossier. Après la suspension en 1997 des coupe-faim Isoméride (dexfenfluramine) et Pondéral (fenfluramine), le Mediator est sous surveillance officielle. Malgré les signaux qui vont se succéder, l’agence ne prendra jamais la mesure de l’enjeu. À la barre, Christian Riché tente d’expliquer les ratés : « À la fin des années 90, les questions de sécurité du médicament passent à l’Europe. » L’enquête sur le Mediator, en effet menée par des experts italiens, pose l’hypothèse d’une toxicité similaire à celle de l’Isoméride. Sans suite.

Quatre ans pour obtenir de nouvelles études des laboratoires Servier

Pour autant, au niveau français, le cas Mediator n’est pas méconnu. Aussi bien Catherine Rey-Quinio, qui a dirigé les services de l’évaluation à l’Agence qu’Anne Castot, son homologue à la pharmacovigilance, reconnaissent devant le tribunal avoir su dès le milieu des années 90 la parenté du Mediator avec les anorexigènes bannis du marché. Anne Castot, manifestement très éprouvée par son passage devant les juges, semble même mobilisée. Elle s’interroge en 1999 sur le comportement du benfluorex dans l’organisme, demande des précisions à Servier, qui traîne à répondre. Des échanges ont lieu avec le centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Besançon. Quelques cas confirment les craintes. Pas assez, apparemment. Pour Anne Castot, qui n’a pas lu les études parues dans les journaux médicaux précisant le lien entre le benfluorex et les anorexigènes, le signal est trop faible pour asseoir le profil de risque. L’Agence attend 2005 pour presser Servier de produire une nouvelle étude. Ses résultats n’arriveront qu’en 2009. Entretemps, heureusement, Irène Frachon a brisé la spirale de l’inertie avec ses propres éléments. « C’est tout de même surréaliste qu’une revue comme Prescrire ait eu plus de moyens pour suivre la documentation médicale qu’une agence d’État », lâche la présidente du tribunal. Pendant que la France n’en finissait pas de tergiverser, l’Espagne et l’Italie ont exprimé suffisamment de doutes pour inciter les laboratoires Servier à retirer le benfluorex de leur marché en 2003 et 2004.

Jean-Michel Alexandre, l’homme brillant à la solde de Servier

Poursuivi dans le volet tromperie et conflits d’intérêt du procès, Jean-Michel Alexandre, pharmacologue, est aujourd’hui un homme diminué par l’âge et la maladie de Parkinson. Une expertise médicale a limité sa présence devant le tribunal à une heure, renouvelable une fois. Le 14 novembre, il était entendu une première fois pour la période antérieure à 2001, comme témoin. De lui, tous ceux qui l’ont côtoyé ont spontanément dit quel homme brillant il avait été. Même Gilles Bardelay, cofondateur de la revue médicale indépendante Prescrire, a souligné son rôle moteur dans la « commission du dictionnaire », chargée, à la fin des années 70, de faire le tri dans les médicaments présents sur le marché. Mais après avoir quitté ses fonctions au sein de l’Agence du médicament, Jean-Michel Alexandre s’est laissé tenter par les sirènes de l’industrie. Il a été rémunéré à partir de 2001 comme consultant, notamment par Servier.

Assis à la barre, sa voix est claire, son raisonnement aussi. Il pose d’emblée qu’« avant 2001, l’Agence ne porte aucune responsabilité dans le drame du Mediator ». « Les causes du drame sont claires : il n’y avait pas de notifications significatives, il était impossible de conclure à la nocivité dans les conditions normales d’emploi. » Si la parenté du benfluorex avec les fenfluramines (Pondéral et Isoméride) est claire « depuis 1974 », il faut attendre 2000, selon lui, pour établir la relation causale entre le benfluorex et les atteintes valvulaires. « On pouvait émettre une hypothèse scientifique à partir de 2001 », conclut-il. « Pourquoi, face aux interrogations, ne demande-t-on pas d’étude de sécurité entre 1974 et 1999 ? », demande la présidente du tribunal. « On ne trouve que ce que l’on cherche », répond mystérieusement Jean-Michel Alexandre. Avant de pointer la responsabilité du laboratoire dans la dissimulation des effets anorexigènes de sa spécialité. Interpelé sur l’intelligence des autorités belges et néerlandaises, qui n’ont jamais autorisé le médicament sur leur marché, il brosse un tableau éloquent de la régulation du médicament dans les années 70 : « Les autorités belges ont statué en demandant des études contrôlées. En France, comment une administration dépourvue d’expertise pouvait-elle aller contre les grands mandarins ? »

Anne-Sophie Stamane

23 novembre 2019