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Avastin : l’obstruction de trois labos sanctionnée

L’Autorité de la concurrence inflige une lourde amende (plus de 440 millions d’euros) à Novartis, Genentech et Roche pour avoir entravé, dans le traitement de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), l’utilisation de l’Avastin (bévacizumab), une molécule aussi efficace et moins coûteuse que le Lucentis (ranibizumab), commercialisé par Novartis.

 

Plus de 385 millions d’euros pour Novartis, près de 60 millions pour Roche et Genentech : l’Autorité de la concurrence, saisie en 2014 par l’UFC-Que Choisir, vient d’infliger de lourdes amendes aux trois laboratoires pharmaceutiques pour « pratiques abusives » (1). À compter de 2009, pour préserver les ventes d’un de leurs produits, le Lucentis (ranibizumab), ils ont de concert dénigré l’utilisation dans la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) de l’Avastin (bévacizumab), un anticancéreux peu coûteux dont l’efficacité a été découverte par hasard. L’Avastin est commercialisé par Roche, mais la firme n’a jamais demandé d’autorisation dans la DMLA car, en tant qu’actionnaire unique de Genentech qui détient la licence du Lucentis, elle est davantage intéressée au chiffre d’affaires du Lucentis. Or une injection de Lucentis coûte 1 161 €, contre 30 à 40 € pour l’Avastin…

Quand les ophtalmologistes se sont mis à administrer l’Avastin, en 2009, puis quand les autorités publiques ont commencé à chercher un cadre d’utilisation, Novartis n’a pas ménagé sa peine pour exagérer les risques d’une utilisation hors AMM (autorisation de mise sur le marché), c’est-à-dire en dehors des indications officielles du médicament. L’Autorité de la concurrence dénonce la stratégie qui a consisté à diffuser un discours de dénigrement auprès de médecins « leaders d’opinion », afin qu’ils le relaient dans l’ensemble de la communauté médicale. Les associations de patients ont également eu droit à cette propagande. « Cette pratique a eu pour effet de limiter les prescriptions d’Avastin hors AMM pour le traitement de la DMLA, et plus généralement en ophtalmologie. Indirectement, elle a également eu pour conséquence de maintenir le Lucentis à un prix supraconcurrentiel et particulièrement élevé […] », souligne l’Autorité de la concurrence dans son communiqué.

En France, l’Avastin a même un temps été interdit dans la DMLA, au prétexte qu’il nécessitait un reconditionnement avant injection dans l’œil ! Le médicament a finalement pu bénéficier à partir de 2015 d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU), un cadre qui a permis de passer outre le refus de Roche de solliciter une autorisation officielle. La RTU a été renouvelée en 2018, pour 3 ans.

1. Décision susceptible de recours.

Anne-Sophie Stamane

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