S’il est possible, en s’armant de patience, de recharger sa voiture électrique ou hybride à la maison sur une simple prise domestique, il est impératif de prendre des précautions pour éviter un drame.
La multiplication des voitures électriques et hybrides engendre de plus en plus de mauvaises pratiques notamment au moment de la recharge. Par manque de connaissance ou d’information, beaucoup d’utilisateurs laissent ainsi la rallonge enroulée sur son support, au risque de créer un incendie.
Pour ceux qui ne disposent pas d’une installation dédiée (de type Wallbox ou Green’up) pour recharger sa voiture électrique ou hybride rechargeable, il est techniquement possible d’utiliser une prise domestique classique. Ce qui évite de chercher une borne dédiée et permet de recharger n’importe où mais impose un temps de charge astronomique pendant lequel la voiture doit être branchée. Par exemple, Renault indique sur son site Internet un délai de 37 h 13 pour recharger à 100 % une Zoé dotée d’une batterie de 52 kWh. Au regard des temps de charge, il est donc important de prendre un minimum de précautions. En effet, un circuit électrique est prévu pour supporter une demande électrique précise et, s’il est trop sollicité (trop d’appareils branchés en même temps ou lors d’une demande de courant très forte) il existe un risque de surcharge électrique. Cette dernière entraîne alors le réchauffement interne du circuit électrique (effet Joule) et peut faire fondre le plastique en contact et même provoquer l’inflammation de matériaux combustibles proches. Et c’est encore pire lorsqu’on utilise une rallonge laissée sur son enrouleur. Lorsque le câble reste enroulé, les spires intérieures ne sont pas suffisamment ventilées pour être refroidies : l’isolant perd de son efficacité, accentuant alors le phénomène, pour finir par fondre et créer, dans le pire des cas, un court-circuit ou un incendie.
Pour avertir le consommateur, les enrouleurs, souvent ceux de premiers prix, comportent une mention sur les puissances maxi admissibles, enroulés et déroulés. Généralement, sous 230 V, elles sont respectivement de 1 000 watts et 3 000 ou 3 200 watts. Les produits plus sophistiqués sont protégés de la surchauffe par un disjoncteur thermique. Dans ce cas, seule la puissance maxi en mode déroulé est indiquée (la présence d’un disjoncteur thermique aussi). Malgré tout, les incidents ne sont pas rares. François, propriétaire d’une Volkswagen Passat GTE (modèle hybride similaire à la Golf GTE) en a pâti et l’enrouleur a tellement chauffé qu’il a entièrement fondu, tout comme la prise de courant (voir photo). Heureusement, cela a provoqué un court-circuit et fait sauter les plombs de l’installation électrique, évitant le pire. Pascal, en rechargeant une Tesla Model 3, a frôlé la catastrophe. Après l’avoir branchée quelques heures sur le secteur, il a remarqué la chaleur se dégageant de l’enrouleur de la rallonge et a immédiatement débranché la prise et déroulé entièrement le fil en l’étalant sur le sol.
SYSTÈME D
Après son incident, François a eu l’ingénieuse idée d’installer un minuteur sur l’alimentation de la prise qu’il destine à la recharge de son hybride. Et de programmer alternativement 15 minutes de charge puis 15 minutes de repos. Sa technique, depuis approuvée par l’électricien venu installer une prise spécifique, offre un double avantage. Non seulement le risque de surchauffe de l’installation électrique est nul mais, en plus, la batterie est mieux préservée. Car elle supporte mal la chaleur et une charge trop longue peut la faire chauffer elle aussi et réduire l’efficacité de la charge. Bien sûr, l’inconvénient majeur de cette solution est d’allonger le temps de charge. Ce qui n’est pas vraiment gênant pour l’hybride de François qui n’a besoin, en temps normal, que d’un peu plus de 2 heures de charge. Il lui suffit désormais de la laisser branchée toute la nuit pour récupérer 100 % de la capacité en toute sérénité.
Yves Martin