UFC-Que Choisir Aude/Pyrénées-Orientales

Appels frontaliers : la facture peut être salée

Cet été, des vacanciers se sont encore retrouvés à devoir payer des communications internationales après s’être promenés trop près de la frontière. En matière d’appels frontaliers, chaque opérateur a sa politique et les tarifs appliqués peuvent faire le grand écart.

La plage de Sciotot, dans le département de la Manche, est bien jolie. Juste en face, à quelques encablures, on aperçoit même Jersey. L’île anglo-normande est tellement proche qu’il arrive d’ailleurs que les smartphones des habitants et des visiteurs de la côte normande captent son réseau mobile. Jacqueline l’a découvert à ses dépens. Après avoir passé deux jours dans le nord-ouest du Cotentin, elle a reçu une facture de son opérateur Prixtel sur laquelle figurait 46 € de hors forfait correspondant à des SMS et à des connexions Internet passés depuis Jersey. Elle n’y a pourtant pas mis les pieds. Comme elle, d’autres abonnés ont découvert des surfacturations après s’être approchés trop près de Jersey, de Suisse ou d’Andorre, à la frontière espagnole. Et pour cause, ces territoires ne font pas partie de l’Union européenne (UE) (1). Ils ne sont donc pas soumis au règlement sur le roaming en vigueur depuis juin 2017. Du coup, dès qu’un smartphone capte une de leurs antennes, chaque communication est alors facturée au tarif en vigueur dans ce pays, même si son propriétaire se trouve sur le sol français. Or, depuis ces territoires hors UE, les tarifs des communications sont totalement libres. Et ils peuvent atteindre des sommets (c’est le cas également lors de traversées en ferry).

DE QUELQUES CENTIMES À 2,20 € LA MINUTE

Passer un appel vers la France quand son smartphone est connecté à une antenne de Jersey coûte par exemple 0,057 €/minute chez Free Mobile, mais 1 € chez Prixtel, 1,20 € chez La Poste Mobile, 1,40 € chez RégloMobile, l’opérateur des magasins E. Leclerc, et même 2,20 € chez NRJ Mobile ! Envoyer un SMS depuis la même destination coûte de 20 centimes chez Free à 50 centimes chez Prixtel. Et pour se connecter à Internet, il faut payer 0,057 € le mégaoctet chez Free Mobile, mais 14 € chez La Poste Mobile et 15,40 € chez NRJ Mobile. Chez Orange, SFR et Bouygues, toutes ces communications sont décomptées des forfaits.

Et depuis la Suisse, une minute d’appel coûte 0,22 € chez Bouygues et Free Mobile, 0,23 € chez SFR, 1 € chez Prixtel et 1,20 € chez La Poste Mobile. Quant au SMS, il est facturé 0,06 € chez Bouygues et Free, mais 0,66 € chez SFR ! Cette destination est incluse dans les forfaits Orange.

LES ABONNÉS MIS DEVANT LE FAIT ACCOMPLI

Les abonnés à la téléphonie mobile n’ont pas forcément conscience que de tels écarts de tarifs existent. Surtout, la plupart n’imaginent pas qu’ils puissent leur être appliqués alors qu’ils n’ont pas passé physiquement la frontière. Certes, certains opérateurs alertent leurs clients sur ce risque dans leurs conditions générales. Surtout, chaque abonné, dès qu’il se connecte à une antenne étrangère, est censé recevoir un SMS indiquant les tarifs appliqués depuis cette destination. Logiquement, les abonnés qui se trouvent en France y font moins attention, surtout que du hors forfait peut être généré sans même qu’ils utilisent leur téléphone, à cause des mini-connexions que les smartphones effectuent automatiquement pour recevoir les notifications ou effectuer des mises à jour. Il arrive même, dans certains cas, que le SMS envoyé soit erroné. Celui qu’a reçu Jacqueline, par exemple, indiquait que les communications depuis Jersey étaient facturées « aux mêmes tarifs que depuis la France », ce qui n’était pas le cas.

Logiquement, Jacqueline a réclamé à Prixtel le remboursement des sommes incriminées. Après bien des difficultés, elle y est parvenue. La plupart des opérateurs rechignent en effet à rembourser ce genre de facturations intempestives. Pourtant, lorsque leur présence physique sur le territoire français peut être prouvée (le détail des factures permet souvent de la démontrer), ils devraient pouvoir être indemnisés. Mieux vaut donc prendre les devants en paramétrant son téléphone de manière à ce qu’il ne capte que le réseau de son opérateur plutôt que de le laisser se connecter à l’antenne de son choix. Il suffit pour cela de se rendre dans la partie Réseaux mobiles des paramètres du téléphone.

(1) En dépit du Brexit, le Royaume-Uni est toujours considéré par les opérateurs comme faisant partie de l’UE.

Cyril Brosset

28 août 2020

Viande : un tiers présente des défauts de traçabilité

Indication d’origine absente, voire mensongère, et labels abusifs : que ce soit dans les restaurants, les boucheries ou chez les industriels de l’agroalimentaire, le non-respect des règles d’étiquetage reste fréquent.

Pour la transparence, il faudra repasser… Alors que l’indication des pays d’élevage et d’abattage des animaux est obligatoire depuis 2015 sur la quasi-totalité des viandes, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) révèle que c’est encore loin d’être le cas : un tiers des 2 000 contrôles réalisés en 2018 dans des grandes et moyennes surfaces, des boucheries, des abattoirs et d’autres établissements vendant de la viande ont révélé des anomalies.

« AFFICHES PROMOTIONNELLES TROMPEUSES »

« Francisation » mensongère des viandes, signes de qualité utilisés de manière abusive… le non-respect des règles de traçabilité était fréquent et a donné lieu à des avertissements, des injonctions ou des procès-verbaux dans près de 40 % des établissements contrôlés. Les enquêteurs ont en particulier noté, dans les boucheries traditionnelles et les rayons boucherie de grandes et moyennes surfaces, une absence de mention de l’origine, notamment pour la viande de veau. « Dans les linéaires de la grande distribution, il n’est pas rare de constater la présence d’affiches publicitaires promotionnelles approximatives, voire trompeuses », note également la DGCCRF, qui attribue notamment ces manquements aux mauvaises procédures de gestion de la traçabilité et à un manque de formation des personnels sur la question.

DES DÉRIVES DÉJÀ CONSTATÉES

Voilà de quoi freiner un peu l’enthousiasme suscité par l’adoption en mai dernier de la loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires, qui rend obligatoire l’indication de l’origine de toutes les viandes (et plus seulement la viande bovine) au restaurant, ainsi que celui associé à la récente prolongation jusqu’à fin 2021 de l’expérimentation de l’étiquetage obligatoire de l’origine du lait et des viandes en tant qu’ingrédients dans les produits transformés. Sur ce point, une enquête de l’UFC-Que Choisir avait déjà, en 2018, révélé d’importantes dérives. Ce nouveau constat de la DGCCRF confirme que, deux ans plus tard, les professionnels ne jouent toujours pas le jeu.

Elsa Abdoun

28 août 2020

Labels « sans pesticides » : la méfiance s’impose

Tomates, fraises, maïs… le nombre de produits portant un logo « sans résidu de pesticides » ou « cultivé sans pesticides de synthèse » a explosé ces dernières années. Mais des analyses que nous révélons en exclusivité font sérieusement douter de l’intérêt de ces produits pour l’environnement et la santé.

Savéol, Bonduelle… de plus en plus de marques apposent sur leurs fruits et légumes des allégations « sans résidu de pesticides » ou « cultivé sans pesticides », suggérant l’idée de préserver la santé humaine et l’environnement, le tout à un prix moins élevé que le bio. Sauf que ces bénéfices restent à démontrer, si l’on en croit les résultats d’analyses réalisées en 2018 par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) que nous révélons en exclusivité : sur les 94 produits contrôlés portant ce type d’allégations, plus du tiers présentaient en réalité des résidus de pesticides à des doses significatives (au-dessus d’un seuil appelé « limite de quantification »).

visu labels sans pesticide

Un esprit optimiste pourrait en conclure que les deux tiers des produits labellisés respectant leurs engagements sont moins contaminés que leurs équivalents conventionnels. Même pas. Car la moitié des fruits et légumes non labellisés vendus en France ne contiennent déjà pas de résidus de pesticides quantifiables.

CONTRÔLES CIBLÉS

Alors, certes, les contrôles ont été réalisés en « ciblant les opérateurs et les produits susceptibles de présenter des non-conformités », tient à préciser la répression des fraudes. Cela signifie que ces chiffres « ne sont pas généralisables à l’ensemble du marché ». On peut, de plus, espérer que l’alerte de la DGCCRF poussera les producteurs à rapidement s’améliorer. Les résultats d’une deuxième série d’analyses, réalisées en 2019, nous permettront bientôt d’en savoir plus.

Il reste qu’un tel taux de non-conformité n’est pas de nature à renforcer la confiance vis-à-vis des bénéfices de ces produits pour la santé du consommateur… Quant à leur intérêt pour l’environnement et la santé des agriculteurs, même si 100 % des produits labellisés « sans résidu » respectaient leurs engagements, celui-ci resterait très incertain. Car l’absence de résidus ne signifie pas que des pesticides n’ont pas été utilisés dans les champs. Simplement, les agriculteurs peuvent privilégier des pesticides laissant pas ou peu de traces. Autre solution : épandre uniquement lors des premières étapes de culture. D’ailleurs, si jamais les pesticides utilisés laissent plus de traces que prévu sur le produit final, le lot est simplement commercialisé sans le label. C’était le cas, l’année dernière, d’un tiers des lots qui devaient initialement porter le logo « zéro résidu de pesticides » du collectif Nouveaux Champs. Gilles Bertrandias, son président, assure néanmoins que cette certification promeut des pratiques plus durables, avec une division par deux de l’usage des pesticides dans les champs concernés par la démarche. Il faut pour l’instant le croire sur parole…

TOUS NE SE VALENT PAS

« Pour l’environnement, les labels « cultivés sans pesticide » font sans doute mieux que les « sans résidu » », estime Nicolas Munier-Jolain, agronome à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Mais même là, tous ne se valent pas : alors que le label Demain la terre « cultivé sans pesticide de synthèse » engage sur l’ensemble des étapes de culture, celui de l’alliance Nature et Saveurs ne s’applique – comme l’astérisque le signale – qu’aux étapes qui suivent la floraison. Quoi qu’il en soit, pour tous, Nicolas Munier-Jolain pointe une faiblesse fondamentale : contrairement au bio, ces certifications n’engagent pas toute une culture sur plusieurs années, mais seulement une parcelle à un « temps T ». Or, « une diminution durable des pesticides nécessite une approche systémique, de long terme. C’est indispensable au développement d’une régulation alternative, naturelle, des ravageurs », conclut le spécialiste.

Elsa Abdoun

28 août 2020

Or et timbres : forts soupçons d’escroquerie et de blanchiment

L’Autorité des marchés financiers (AMF) a transmis au parquet national financier un dossier concernant Orclass et Arthur Maury, deux valeurs dont le cours aurait été artificiellement gonflé.

Quoi de plus attractif et sûr que l’or ? C’est l’argument maintes fois utilisé par des fraudeurs de tout bord pour prendre dans leurs filets des investisseurs à la recherche de placements rentables mais garantis. Les actions de sociétés investissant dans l’or se sont notamment multipliées depuis le début de la crise sanitaire… Mais aussi les fraudes, à l’image des manipulations de cours concernant les actions de la société Orclass (spécialisée dans les sites de rachat d’or en ligne), cotée sur le Marché Libre de Paris. Selon l’AMF, des commerciaux non habilités démarchaient depuis plusieurs années directement par téléphone les particuliers pour les convaincre d’investir rapidement dans les valeurs Orclass, qui devaient exploser. L’enquête du gendarme boursier a montré que la pseudo-société de courtage qui encourageait la vente de ces actions en possédait de nombreuses parts en propre ou pour un client. Sous l’effet d’achats importants issus d’un démarchage agressif, le cours des titres a grimpé. C’est à ce moment que le donneur d’ordres, qui possède un matelas d’actions, les a vendus en masse, empochant un gain substantiel, avant de disparaître et de cesser toute activité d’achat qui a entraîné une chute brutale de la valeur. Cette pratique porte un nom : « la bouilloire ». Une autre valeur fait l’objet du signalement de l’AMF : Arthur Maury, spécialisée, elle, dans la vente d’objets de collection (timbres-poste, médailles, objets en or).

PEU DE CHANCES DE RÉCUPÉRER SON ARGENT

À deux reprises, en juin 2018 puis en septembre 2019, l’AMF a mis en garde le public contre des manipulations de cours concernant les titres d’Orclass et d’Arthur Maury. Les gérants de ces deux sociétés ont, par voie de communiqué aux actionnaires, répondu qu’ils n’étaient pas à l’origine de « ces pratiques dont ils étaient eux-mêmes victimes ». Les craintes du gendarme de la bourse se sont en tout cas confirmées avec un effondrement des cours. Aujourd’hui, la cotation des valeurs Arthur Maury est suspendue à la demande de l’AMF tandis que celle d’Orclass a tout bonnement été radiée. Cette dernière a par ailleurs été placée en liquidation judiciaire. David Madar, directeur général et administrateur d’Orclass, est actuellement injoignable par téléphone au siège de la société, mais aussi à ceux des autres sociétés qu’il a ouvertes dans les domaines de l’informatique (DMS Media), de la finance (ICA) ou de l’immobilier (SCI Isamil). Ce dernier possède par ailleurs des liens financiers avec des responsables d’autres sociétés en liquidation judiciaire ou en sommeil (Le Groupe de l’Olivier, MarcoSerussi, etc.). Un certain nombre de ces entreprises sont domiciliées à la même adresse qu’Orclass, au 65 rue Michel-Ange à Paris.

Gérée aujourd’hui par Idalina, la société Arthur Maury, elle, a connu des difficultés financières, notamment en 2016, avec une décision de poursuite d’activité malgré un actif net devenu inférieur à la moitié du capital social. Il est cependant possible de joindre le site de vente en ligne Collections Arthur Amaury qui semble toujours en fonctionnement. Son avocat pourrait préciser rapidement la situation de l’entreprise et donner le point de vue de la direction.

Quoi qu’il en soit, les chefs d’inculpation d’escroquerie et de blanchiment dans les deux dossiers renforcent la probabilité d’une fraude organisée (soit par les dirigeants eux-mêmes, soit par des tiers ayant repéré des sociétés fragiles et faiblement capitalisées dont il est facile de manipuler les cours). Il existe un risque élevé que les responsables de ces délits aient planifié de se mettre au vert et qu’il soit difficile aujourd’hui de pouvoir remettre la main sur les montants escroqués. C’est pourquoi l’AMF insiste encore une fois sur l’importance du principe suivant : « Aucun discours commercial ne doit faire oublier qu’il n’existe pas de rendement élevé sans risque élevé » ! Il faut en outre toujours vérifier que l’intermédiaire financier qui propose des investissements est bien enregistré auprès de la juridiction dans laquelle la société prétend exercer.

Élisa Oudin

28 août 2020

Foto.com : livraison fantôme et remboursement

Madame V. qui habite Warheim (59) a commandé le 5 mai deux albums photos sur le site FOTO.COM pour un montant de 118 euros réglé immédiatement. Le 13 mai, comme elle n’est toujours pas livrée, elle s’informe de sa commande qui aurait été prise en charge par l’organisme  MONDIAL RELAY, lequel l’informe qu’il n’est au courant de rien.

Le 8 juin, le site marchand informe sa cliente qu’il va procéder à un nouvel envoi par le biais de la poste. Mais au 17 juin, jour où madame B. inscrit son litige en ligne, la livraison n’est toujours pas effectuée.

C’est notre antenne de Carcassonne qui se saisit du litige par mail et envoie après examen du dossier, le 24 juin, un mail à FOTO.COM en lui rappelant ses obligations. Ce dernier répond que finalement la solution du remboursement a été  adoptée par les deux parties.

Et effectivement, ce dernier intervient le 2 juillet.

GAIN TOTAL : 118 euros.

18 août 2020

Attention aux achats lors de foire

Monsieur L. qui habite Narbonne a commandé en novembre 2019 à la foire de Narbonne un ballon thermodynamique d’un montant de 4800 euros. Puis s’étant ravisé, quelques jours plus tard,  il se rend à notre antenne de Narbonne afin de demander de l’aide pour annuler sa commande.

Après examen du dossier, le conseiller lui établit un modèle de courrier précisant qu’il est en droit de demander l’annulation de la transaction car son achat était lié à un crédit affecté et on ne lui avait pas fourni de bon de rétractation.

Et courant juillet 2020, alors que Monsieur L. vient consulter l’UFC pour un nouveau litige, il apprend au conseiller qu’il a obtenu gain de cause en décembre 2019.

GAIN TOTAL : 4800 euros.

18 août 2020

Air France joue le jeu et finit par rembourser

Madame H. qui habite Bize-Minervois a acheté auprès d’Air France un trajet Toulouse Melbourne dont le départ était prévu le 11 février avec retour le 28 avril. En raison du confinement, la compagnie aérienne a annulé le vol et lui en a réservé un autre pour le 5 mai, annulé pour la même raison.

Le 7 juin, elle contacte par mail notre antenne de Narbonne afin d’obtenir un conseil au sujet de la procédure de remboursement  et on lui communique le site d’Air France dédié à ce type d’opération.

Puis le 21 juillet, notre adhérente nous informe qu’elle a reçu un mail d’Air France l’informant que le remboursement est en cours.

GAIN TOTAL : 1000 euros.

 

18 août 2020

Antigaspillage : l’indice de réparabilité des appareils se précise

Modalités d’affichage, signalétique, paramètres de calcul… L’indice de réparabilité se précise. Le gouvernement vient d’informer Bruxelles des contours que prendra cette mesure prévue par la loi antigaspillage, votée en début d’année. Sur le modèle de l’étiquette énergie, cet indice donnera aux consommateurs une information sur la réparabilité des produits électriques et électroniques. Les premiers concernés sont les smartphones, les ordinateurs portables, les téléviseurs, les lave-linge et les tondeuses à gazon, qui devront l’afficher dès le 1er janvier 2021.

Mieux informer les consommateurs et agir contre l’obsolescence programmée figurent parmi les objectifs prioritaires de la loi antigaspillage pour une économie circulaire, votée en janvier 2020. L’indice de réparabilité des produits électriques et électroniques, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2021, doit y contribuer. Dans les cartons depuis 2018, cet indice donnera aux smartphones, aux ordinateurs portables, aux téléviseurs, aux lave-linge à chargement frontal et aux tondeuses à gazon (batterie ou filaire, robot) une note sur 10 qui évaluera leur degré de réparabilité en fonction de plusieurs critères. Il sera ensuite progressivement étendu aux autres appareils ménagers et électroniques. Certains distributeurs, comme Darty, ont déjà pris les devants, tout comme certains fabricants, notamment Seb (lire encadré).

De cet indice de réparabilité on connaissait les grandes lignes, les contours sont aujourd’hui plus nets. Le gouvernement vient en effet de transmettre à la Commission européenne les projets de décrets concernant ses modalités d’affichage, la signalétique, le détail des critères pris en compte et les paramètres de calcul.

UN INDICE VISIBLE

Cet indice devra être bien visible aux yeux du consommateur au moment de l’acte d’achat en boutique et sur les sites marchands, à côté du prix. Sa couleur variera du rouge vif au vert foncé en passant par l’orange et le jaune en fonction de la note. Le projet va jusqu’à préciser la taille de la police des chiffres de la note, qui devra être au moins aussi grande que celle du prix en rayon. Les fabricants pourront choisir d’apposer, en plus, l’indice directement sur l’emballage de l’article, auquel cas « la taille de la représentation graphique est laissée libre pour autant qu’il soit visible et lisible ».

RÉSULTAT D’UN CALCUL DÉTAILLÉ

On savait déjà que l’indice de réparabilité reposerait sur 5 critères :

  • la documentation fournie par le fabricant ;
  • l’aptitude du produit à être démonté ;
  • la disponibilité des pièces détachées ;
  • le rapport entre le prix de la pièce détachée la plus chère et le prix du produit originel ;
  • et un dernier critère, spécifique cette fois à la catégorie du produit concerné.

Le gouvernement a révélé le détail de tous ces critères, des sous-critères ainsi que la pondération qui permettra d’aboutir à une note sur 100 (20 points par critère), divisée ensuite par 10. Le texte ne laisse rien au hasard, allant jusqu’à prendre en compte la durée de disponibilité et l’outil nécessaire au démontage de chacune des pièces détachées.

Concernant le critère propre à chaque famille de produit, l’indice tiendra compte, pour les smartphones, les ordinateurs portables et les téléviseurs, des informations et de l’assistance relatives aux mises à jour logicielles. L’obsolescence logicielle des produits a déjà lésé de nombreux consommateurs, comme par exemple, en 2018, les clients d’Apple. Pour ces produits, l’indice de réparabilité englobera en outre la possibilité de réinitialiser le logiciel. Ce sera également le cas pour les lave-linge, dont tous les modèles sont désormais bardés d’électronique. Quant aux tondeuses, leur variable spécifique viendra du niveau d’assistance à distance gratuite et, pour les modèles sans fil, de la compatibilité de leur batterie avec d’autres produits.

LES 5 INDICES DE RÉPARABILITÉ

Indice de réparabilité des appareils

SEB LANCE UN « FORFAIT RÉPARATION » POUR SES PRODUITS

Certains fabricants n’ont pas attendu la mise en place de l’indice de réparabilité et font des efforts en ce sens, par souci écologique… mais aussi de fidélisation de leurs clients. C’est le cas de Seb qui a lancé, dès 2016, un plan d’action afin de rendre les produits de ses marques (Moulinex, Rowenta, Tefal, Krups, Calor et Seb) réparables pendant 10 ans. Le groupe français a annoncé, mi-juillet, aller plus loin avec le lancement de « forfaits réparation ». Leur fonctionnement est simple : le client dont le produit est tombé en panne hors garantie (dans la limite de 10 ans après l’achat du produit) se rend sur le site du fabricant, paye un forfait selon son type d’appareil puis dépose l’appareil chez le réparateur le plus proche de chez lui.

Les tarifs vont de 18,99 € (grille-pain, cafetière filtre…) à 49,99 € (friteuse sans huile, machine à bière) selon le type de produit. Le forfait comprend pièces et main-d’œuvre. « Connaître le prix à l’avance, sans avoir à faire de demande de devis préalable : tout est pensé pour faciliter la décision du consommateur à faire réparer son produit », explique Seb. Selon le groupe, les tarifs représentent 20 à 40 % du prix des produits neufs. Les appareils réparés sont garantis 6 mois et si d’aventure le produit n’est pas réparable, le client se voit remboursé du prix du forfait.

Morgan Bourven

Camille Gruhier
9 août 2020

Que Choisir : tentative de phishing sur notre lettre d’information

Des escrocs du Web envoient de fausses lettres d’information (newsletter) ressemblant à celles que nous envoyons régulièrement à nos inscrits et abonnés. Leur objectif : soutirer de l’argent à celles et ceux qui cliquent sur les liens en se faisant passer pour un support technique officiel. Explications et mise en garde.

En 2016, c’était le site QueChoisir.org qui était perturbé par une attaque massive de type DDoS afin d’empêcher les visiteurs d’accéder au site. Depuis quelques semaines, c’est à une tentative de phishing qu’il nous faut faire face. En résumé, des pirates ont repris l’apparence de nos newsletters et ont remplacé les liens qui habituellement dirigent vers nos articles pour les renvoyer vers une toute autre page. À l’ouverture de cette page Web, un message indique qu’un virus infecte l’ordinateur et qu’il ne faut surtout pas redémarrer ce dernier (voir capture d’écran ci-dessous). Des personnes sont tombées dans le piège et ont appelé le numéro de support technique indiqué dans le message et en haut à droite de la page Web. Ils sont alors victimes de la classique arnaque au faux support technique. Pensant appeler le service technique de Microsoft Windows, ils se laissent guider par un technicien qui leur demande d’installer un logiciel et prend ainsi en main l’ordinateur à distance. Il en profite pour installer un vrai virus et demande ensuite une somme d’argent pour régler le problème. Et même si l’utilisateur a la mauvaise idée de transmettre ses coordonnées bancaires, rien n’indique que l’escroc désinstallera le virus ou ne continuera pas à exploiter les données présentes dans l’ordinateur.

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Exemple de fausse page sur laquelle peuvent atterrir des internautes qui pensaient lire l’un de nos articles en ligne.

Dans ce genre de tentative d’arnaque, une fois arrivé sur la page du support technique qui incite à appeler un numéro de téléphone, le mieux est de fermer son navigateur ou de forcer sa fermeture (en passant par le gestionnaire de tâches), voire d’éteindre et redémarrer son ordinateur. Jamais un support technique, encore moins celui de Windows, ne procédera de la sorte en cas de problème. Si vous n’arrivez pas à éteindre votre ordinateur, smartphone ou tablette avec la procédure habituelle, forcez son extinction en laissant votre doigt appuyé quelques secondes sur le bouton marche/arrêt. Et lors du redémarrage de l’appareil, il ne faut surtout pas restaurer la session précédente lors de l’ouverture du navigateur Web.

Sur le site officiel Cybermalveillance, des conseils sont prodigués pour faire face à ce genre de tentative d’arnaque.

De notre côté, nous avons porté plainte auprès du procureur de Paris pour usurpation d’identité. Nous avons également fait un signalement auprès de Cybermalveillance dont une des missions est d’assister les victimes de ce genre d’escroquerie.

COMMENT DÉTECTER LE PHISHING

Si vous n’êtes pas inscrit à nos différentes listes de diffusion. Nous ne spammons pas, donc si vous recevez un courriel de notre part alors que vous n’en avez pas fait la demande, cela ne vient pas de nous. Supprimez-le s’il est dans votre boîte de réception ou laissez-le dans le dossier Spam/Courrier indésirable.

Si vous recevez nos messages en spam. En ce moment, soyez très prudent si vous trouvez des courriels de Que Choisir dans le dossier Spam/Courrier indésirable ou si l’objet du message est préfixé avec *** SPAM ***. Nous vous conseillons de ne pas y toucher.

Vérifiez les entêtes du message (méthode facile mais pas infaillible)

Jusqu’à maintenant, les trois cas que nous avons pu avoir sous la main présentaient des anomalies. Alors que vous vous appelez par exemple M. Jean DUPONT et que votre adresse courriel est jean.dudont@aaaaaaaaa.fr, vous recevez une newsletter de Que Choisir avec des indications qui ne correspondent pas à votre nom et votre adresse courriel dans les entêtes comme dans cet exemple :

Objet : Mme Leroy, Test Lave-linge – Location vélo électrique – Déconfinement et retraite – Soutien-gorge anticancer

À : patrick.morel@bbbbbbbbb.fr

 

À noter. Certaines personnes n’ont pas de personnalisation avec leur nom de famille ou leur prénom en début d’objet, notamment celles qui ne sont pas abonnées à Que Choisir. L’objet peut donc en être dépourvu et commencer directement par « Test Lave-linge – … ».

Vérifiez les liens du message (méthode infaillible mais moins facile sur mobile et tablette)

Si vous êtes sur ordinateur, en survolant un lien hypertexte ou une image cliquable de la newsletter avec votre pointeur de souris vous allez voir apparaître le lien. Selon les logiciels utilisés, il peut apparaître près du pointeur ou tout en bas du navigateur (voir capture d’écran ci-dessous).

Pour des courriers venant de l’UFC-Que Choisir ce lien doit absolument commencer par :

  • go.mail.quechoisir.org
  • go.mail.ufc-quechoisir.org
  • go.transac.quechoisir.org
visuel 2 verification url newsletter 2

Si vous êtes sur mobile ou tablette, c’est moins facile car vous ne pouvez pas survoler les liens, vous n’avez pas de souris. Laissez « longtemps » le doigt appuyé sur un lien (si vous appuyez trop rapidement vous risquez d’ouvrir le lien !). Vous verrez alors une fenêtre qui s’ouvre et qui affiche ledit lien avec des options (ouvrir, copier, partager). Vous serez alors capable de voir si le lien commence par les URL précitées. Si ne n’est pas le cas, utilisez la fonction retour pour revenir sur l’e-mail et supprimez-le.

9 août 2020

Voiture électrique : attention à la surchauffe lors de la recharge

S’il est possible, en s’armant de patience, de recharger sa voiture électrique ou hybride à la maison sur une simple prise domestique, il est impératif de prendre des précautions pour éviter un drame.

La multiplication des voitures électriques et hybrides engendre de plus en plus de mauvaises pratiques notamment au moment de la recharge. Par manque de connaissance ou d’information, beaucoup d’utilisateurs laissent ainsi la rallonge enroulée sur son support, au risque de créer un incendie.

Pour ceux qui ne disposent pas d’une installation dédiée (de type Wallbox ou Green’up) pour recharger sa voiture électrique ou hybride rechargeable, il est techniquement possible d’utiliser une prise domestique classique. Ce qui évite de chercher une borne dédiée et permet de recharger n’importe où mais impose un temps de charge astronomique pendant lequel la voiture doit être branchée. Par exemple, Renault indique sur son site Internet un délai de 37 h 13 pour recharger à 100 % une Zoé dotée d’une batterie de 52 kWh. Au regard des temps de charge, il est donc important de prendre un minimum de précautions. En effet, un circuit électrique est prévu pour supporter une demande électrique précise et, s’il est trop sollicité (trop d’appareils branchés en même temps ou lors d’une demande de courant très forte) il existe un risque de surcharge électrique. Cette dernière entraîne alors le réchauffement interne du circuit électrique (effet Joule) et peut faire fondre le plastique en contact et même provoquer l’inflammation de matériaux combustibles proches. Et c’est encore pire lorsqu’on utilise une rallonge laissée sur son enrouleur. Lorsque le câble reste enroulé, les spires intérieures ne sont pas suffisamment ventilées pour être refroidies : l’isolant perd de son efficacité, accentuant alors le phénomène, pour finir par fondre et créer, dans le pire des cas, un court-circuit ou un incendie.

Pour avertir le consommateur, les enrouleurs, souvent ceux de premiers prix, comportent une mention sur les puissances maxi admissibles, enroulés et déroulés. Généralement, sous 230 V, elles sont respectivement de 1 000 watts et 3 000 ou 3 200 watts. Les produits plus sophistiqués sont protégés de la surchauffe par un disjoncteur thermique. Dans ce cas, seule la puissance maxi en mode déroulé est indiquée (la présence d’un disjoncteur thermique aussi). Malgré tout, les incidents ne sont pas rares. François, propriétaire d’une Volkswagen Passat GTE (modèle hybride similaire à la Golf GTE) en a pâti et l’enrouleur a tellement chauffé qu’il a entièrement fondu, tout comme la prise de courant (voir photo). Heureusement, cela a provoqué un court-circuit et fait sauter les plombs de l’installation électrique, évitant le pire. Pascal, en rechargeant une Tesla Model 3, a frôlé la catastrophe. Après l’avoir branchée quelques heures sur le secteur, il a remarqué la chaleur se dégageant de l’enrouleur de la rallonge et a immédiatement débranché la prise et déroulé entièrement le fil en l’étalant sur le sol.

visuel prise fondu
La prise reliée à l’enrouleur a totalement fondu.

SYSTÈME D

Après son incident, François a eu l’ingénieuse idée d’installer un minuteur sur l’alimentation de la prise qu’il destine à la recharge de son hybride. Et de programmer alternativement 15 minutes de charge puis 15 minutes de repos. Sa technique, depuis approuvée par l’électricien venu installer une prise spécifique, offre un double avantage. Non seulement le risque de surchauffe de l’installation électrique est nul mais, en plus, la batterie est mieux préservée. Car elle supporte mal la chaleur et une charge trop longue peut la faire chauffer elle aussi et réduire l’efficacité de la charge. Bien sûr, l’inconvénient majeur de cette solution est d’allonger le temps de charge. Ce qui n’est pas vraiment gênant pour l’hybride de François qui n’a besoin, en temps normal, que d’un peu plus de 2 heures de charge. Il lui suffit désormais de la laisser branchée toute la nuit pour récupérer 100 % de la capacité en toute sérénité.

Yves Martin

9 août 2020