UFC-Que Choisir Aude/Pyrénées-Orientales

Initiative de la région, des produits frais et locaux à domicile

Initiative de la région, des produits frais et locaux à domicile

La nouvelle plate-forme digitale solidarite-occitanie-alimentation est opérationnelle.

Elle permet à chacun de géolocaliser les producteurs et commerçants locaux du secteur alimentaire qui livrent à domicile.

Outre l’avantage, durant cette période, de se faire livrer à domicile, cette initiative permet de faire face à l’interdiction des marchés de plein air et ainsi être solidaire des producteurs locaux.

La plate-forme « solidarite-occitanie-alimentation »

NB : Ce site est très sollicité, si vous n’avez pas accès dès la première connexion, essayez à d’autres moments de la journée.

« Plus que jamais, l’économie régionale a besoin de notre solidarité. Restons chez nous, les producteurs locaux et commerçants de proximité s’organisent pour nous livrer à manger. Tous ensemble nous pouvons soutenir leur activité en consommant local. »  Comme l’indique Carole DELGA, Présidente de la région Occitanie.

 

 

 

 

25 mars 2020

Coronavirus : pas de pénurie alimentaire à craindre

Malgré des ruptures de stocks pour certaines denrées de base, la famine ne menace pas les Français en ces temps d’épidémie de Covid-19. Les filières agroalimentaires assurent pouvoir continuer à produire, moyennant des ajustements.

Des rayonnages de magasins vidés de pâtes, riz et sardines à l’huile, des clients de grandes surfaces avec des caddies remplis de yaourts, de bouteilles d’huile ou de boîtes de conserve… Des photos de ce genre circulent abondamment sur les réseaux sociaux depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Sur Internet, les escrocs s’en donnent à cœur joie. Ainsi, une boutique répondant au nom de « Franc shopping » propose sur Amazon des lots de quatre paquets de coquillettes de 500 grammes pour… 28 € ! Les achats de pâtes et de couscous ont doublé, ceux de riz ont été multipliés par 2,5. D’autres produits sont également plus demandés, quoique dans des proportions moindres, à l’instar des charcuteries et des plats cuisinés, en hausse de 20 à 30 % chez Fleury Michon.

Pourtant, le gouvernement et les distributeurs répètent à l’envi que les aliments ne manqueront pas dans les prochaines semaines. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire l’a assuré dimanche 5 mars : « La sécurité d’approvisionnement en produits alimentaires et de première nécessité est garantie dans les jours et les semaines à venir […]. 90 à 95 % des références sont disponibles. » Même si des ruptures de stocks sont constatées quotidiennement dans de nombreux commerces, les magasins sont réapprovisionnés tous les jours. Que Choisir a interrogé les géants de l’agroalimentaire, aucune pénurie ne semble se profiler.

LES USINES AGROALIMENTAIRES TOURNENT PLEIN POT

« Les usines Panzani fonctionnent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour répondre au doublement de la demande », explique le directeur général du groupe, Xavier Riescher, à Que ChoisirIl n’y a pas d’usines de pâtes à l’arrêt, ni en France, ni d’ailleurs en Italie. » Chez Fleury Michon, la fabrication est passée de 5 à 6 jours par semaine. Pour « garantir la chaîne d’approvisionnement », des assouplissements aux réglementations du travail (sur les heures supplémentaires, le travail de nuit…) sont prévus, a d’ailleurs promis Bruno Le Maire. Et les salariés bénéficient des dérogations sur les restrictions de circulation. Peu manquent à l’appel actuellement, soulignent tous les industriels interrogés, qui ont parfois fait revenir leurs jeunes retraités. Et si besoin, « une foule d’étudiants désœuvrés sont prêts à mettre la main à la pâte », selon une agence d’intérim. Cette situation est donc gérable sur quelques semaines, et tant qu’il n’y pas trop de personnel malade… Un acteur de la filière fruits et légumes explique : « On est sur le pont, mais sereins. Il n’y aura pas de problème globalement, même si nous ne produirons plus certaines références anecdotiques, comme les mélanges de salades. »

Les transformateurs ont aussi dû s’adapter à la fermeture de plusieurs débouchés (cantines scolaires, restauration commerciale, fast-food…) et à l’explosion de la demande en grande surface. Car entre les deux, les produits ne sont pas toujours identiques : « La façon de couper la salade, par exemple, ou le conditionnement (taille des sachets) ne sont pas les mêmes, explique le responsable d’une usine de fruits et légumes. Mais nos usines sont adaptables – nous recevons des légumes très différents selon la saison. » Concernant les produits laitiers, les achats par les filières de restauration collective ont chuté de 60 %, mais « tous les circuits ont été réorientés vers la grande distribution en un temps record », se félicite l’interprofession laitière (Cniel). Chez Panzani, les process ont été simplifiés, et seuls 40 des 120 modèles de pâtes, les plus rapides à élaborer, sont encore fabriqués. Fini, les farfalles, qui demandent un temps de moulage, pressage et modelage deux fois plus long que les simples coquillettes !

LA FRANCE, UNE PUISSANCE AGRICOLE

Côté approvisionnement, pas d’inquiétude à avoir non plus : n’oublions pas que la France est une puissance agricole ! Bonduelle explique ainsi que tous ses producteurs sont situés à moins de 200 km de ses usines, et que de toute façon, il y a encore des stocks suffisants de la dernière récolte en attendant la prochaine. Côté lait, la collecte se poursuit normalement pour le moment. Les transports de denrées alimentaires bénéficiant de dérogations pour circuler, nos légumes ou nos jambons importés d’Espagne entrent encore sur le territoire. Quant aux Grands moulins de Paris, ils « ont des stocks et continuent à fonctionner à peu près normalement » sur la récolte de céréales de 2019. Chez Panzani, Xavier Riescher nuance : « Nous n’avions pas prévu de doublement de la demande. À ce rythme, nous ne tiendrons pas jusqu’à la prochaine récolte sur nos stocks. » Mais s’il le faut, les coopératives agricoles puiseront dans leurs réserves pour alimenter les fabricants, en attendant les moissons 2020. Pour autant, le patron de Panzani ne s’alarme pas outre mesure : il prévoit que les achats vont vite redescendre à un niveau plus normal. « Les gens ne mangeront pas deux fois plus ! Les stocks sont faits, ils seront consommés et renouvelés peu à peu. En Italie aussi, il y a eu un pic d’achats au début de la crise, puis cela s’est régulé. Ce phénomène est compliqué à gérer pour les fabricants et la distribution. Les gens peuvent avoir l’impression qu’il y a pénurie, alors que les stocks sont en réalité chez eux ! »

DES MESURES D’HYGIÈNE EN MAGASINS

Dans les magasins, les distributeurs devraient mettre en place un certain nombre de mesures, recensées dans un « guide des bonnes pratiques » :

  • les caisses seront équipées de vitres en plexiglas ;
  • des vigiles seront recrutés pour organiser les files d’attente selon les consignes de biosécurité (intervalle d’au moins un mètre entre les personnes) ;
  • du gel hydroalcoolique sera mis à disposition…

SUCCÈS POUR LE CIRCUIT COURT

Les magasins de producteurs et la vente directe à la ferme voient leur fréquentation exploser depuis le début de la crise. Une bonne chose, alors que les cantines scolaires, qui sont un débouché en pleine croissance pour des agriculteurs travaillant en circuit court, ont fermé.

Elsa Casalegno

23 mars 2020

Restons chez nous mais restons connectés !

Chères adhérentes, Chers adhérents, Chers sympathisants, Chers amis,

Alors que la crise actuelle paralyse l’activité de notre association s’agissant de nos permanences physiques, sachez que nous entendons, plus que  jamais,  rester à vos côtés, en cette période difficile, en utilisant les possibilités offertes grâce au numérique.

Vous pouvez ainsi nous contacter pour toutes questions, conseil ou litiges à l’adresse : contact@aude.ufcquechoisir.fr,

sur notre site UFC-Que Choisir de l’Aude,

au 07 55 63 96 97 ou au 07 55 61 80 58 du lundi au jeudi  14h à 17h.

La crise du coronavirus chamboule notre quotidien et est propice aux fausses nouvelles, aux profiteurs, aux arnaques.  Aussi, soyez vigilants quant aux sollicitations diverses et variées qui vous seront faites en cette période. Afin de déceler les pièges, abus et arnaques, nous vous appelons à témoigner sur les difficultés rencontrées par les consommateurs en cette période afin de les dénoncer et d’agir contre elles, sans oublier  de vous apporter, le cas échéant, les outils concrets pour faire valoir vos droits. De la même manière, en cette période de confinement, compliquée,  nous entendons suivre la situation et vous proposons de répondre, jusqu’à dimanche 22 mars,  à un questionnaire intitulé « ma vie en confinement ».

Grâce à vos remontées et sollicitations, nous publierons régulièrement des informations sur notre site Internet à la manière d’un journal consumériste de crise.  Nous ne manquerons également pas de vous délivrer des informations et conseils pratiques et ludiques pour être un consommateur toujours plus éclairé et responsable.

En tout état de cause, soyez assurés de nos pensées les plus cordiales dans ces circonstances exceptionnelles. Même confinés, nous sommes à vos côtés !

Prenez bien soin de vous,

Bien cordialement

L’Equipe UFC-Que Choisir de l’Aude

Coronavirus : des actualités pour vous informer :

 

20 mars 2020

Médicaments : les médecins désinformés sur les opioïdes

Médicaments : les médecins désinformés sur les opioïdes

Les médicaments dérivés de l’opium, dits opioïdes, sont largement prescrits en France. Ces médicaments ne sont pas sans risque. Pourtant, une promotion active en leur faveur est réalisée par les laboratoires pharmaceutiques auprès des médecins.

Pour promouvoir leurs médicaments, les laboratoires pharmaceutiques peuvent employer des visiteurs médicaux. Ces commerciaux se déplacent directement au cabinet du médecin. En France, la nature de cette visite est encadrée par la Haute Autorité de santé. Mais que s’y dit-il vraiment ? Pour répondre à cette question, une équipe canadienne a comparé le contenu des visites faisant la promotion de médicaments opioïdes (fentanyl, codéine, tramadol, etc.) aux États-Unis, au Canada et en France (1).

Une cinquantaine de médecins ont été interrogés sur leurs échanges avec des visiteurs médicaux. Ces derniers insistent souvent sur les effets bénéfiques de ces antidouleurs tandis que la moitié des rendez-vous s’achève sans que leurs effets secondaires, sévères ou légers, aient été mentionnés. Si notre pays s’est mieux protégé des abus, il ne fait pas figure de bon élève pour autant. Selon l’étude, en France, le fentanyl (Actiq, Durogesic) est décrit comme « sans danger », ce qui est faux, et « adapté à la douleur à plusieurs égards ». La codéine, elle, serait « infiniment mieux tolérée que le tramadol ». L’affirmation est là aussi fantaisiste. Certains visiteurs n’hésitent pas à la dépeindre comme un bon substitut au dextropropoxyphène (Di-Antalvic), retiré du marché en 2011.

L’information délivrée au cours de cette visite médicale met trop souvent de côté le risque de dépendance associé à ces produits. Il est pourtant à l’origine de milliers de décès aux États-Unis et au Canada. Ce discours biaisé et commercial fait pourtant illusion. 59 % des médecins interrogés le jugent de qualité. 45 % affirment même qu’après la visite, ils ont plus de chances de prescrire le médicament qu’avant. C’est pourquoi certains organismes incitent les médecins à refuser ces visites et à se former par des voies indépendantes de l’industrie pharmaceutique.

(1) “The “Nuts and Bolts” of Opioid Marketing: Promotional Messages to Family Doctors in Sacramento, Vancouver, Montreal, and Toulouse”, Journal of General Internal Medicine, 10/02/2020.

Audrey Vaugrente

13 mars 2020

Prêts en francs suisses Helvet Immo : BNP Paribas gagne du temps pour éviter de payer

Prêts en francs suisses Helvet Immo : BNP Paribas gagne du temps pour éviter de payer

BNP Personal Finance, filiale de la BNP, a fait appel de la décision du tribunal correctionnel de Paris la condamnant dans l’affaire des prêts en francs suisses vendus aux particuliers. Elle demande aussi la suspension de l’exécution immédiate du jugement.

Si la situation n’était si grave pour certains emprunteurs étranglés par les mensualités de remboursement de leur prêt immobilier Helvet Immo, on pourrait en sourire. BNP Personal Finance (BNP-PF) justifie sa décision de contester l’exécution provisoire (décidée par le tribunal correctionnel de Paris) d’indemniser les victimes… par souci de leur intérêt financier ! « Notre démarche est justifiée par le fait que si le jugement en appel inverse celui de première instance, les parties civiles seraient tenues de restituer les sommes versées à titre provisoire, ce qui pourrait entraîner des difficultés considérables », avance-t-elle.

JOUER LA MONTRE

BNP-PF vient en effet de faire appel du jugement du tribunal correctionnel de Paris du 26 février 2020 la condamnant à verser près de 150 millions d’euros de dommages et intérêts aux victimes des prêts en francs suisses et aux associations de consommateurs dont l’UFC-Que Choisir. Surtout elle demande la suspension de l’exécution provisoire pour ne pas avoir à rembourser les consommateurs et les associations concernées. La loi (article 515-1 du code de procédure pénale) prévoit, en effet, lors d’une procédure d’appel, la possibilité de saisir en référé le premier président de la cour d’appel pour demander en accéléré la suspension de l’exécution provisoire. Mais cela n’ôte en rien le caractère indécent de la demande faite par BNP Paribas qui, comme de nombreux autres établissements financiers dans de telles circonstances, joue la montre pour décourager les victimes.

En l’espèce, BNP Personal Finance refuse toujours de reconnaître la moindre responsabilité dans cette affaire, malgré l’accumulation des preuves évidentes et malgré le fait que certains de ses clients sont dans des situations financières dramatiques, avec intervention d’huissiers et menaces de saisie pour certains. Pour le service juridique de l’UFC-Que Choisir, cette demande de suspension semble principalement motivée par des intérêts purement financiers au détriment des parties civiles : « Si l’argent reste chez BNP Paribas, cette dernière pourra continuer à le faire fructifier (via des prêts et investissements). En outre, l’argent devant être versé aux consommateurs doit leur permettre de rembourser leurs prêts Helvet Immo et de réduire leurs échéances. Tout en réclamant la suspension de l’exécution, la banque peut continuer à demander l’exécution de contrats de prêts ruineux pour les emprunteurs. Y aurait-il deux poids, deux mesures ? »

Élisa Oudin

13 mars 2020

Coronavirus : le prix des gels hydroalcooliques a bel et bien flambé

Coronavirus : le prix des gels hydroalcooliques a bel et bien flambé

L’épidémie de Covid-19 a fait exploser la demande en gels hydroalcooliques. Pour avoir une idée précise de l’augmentation des tarifs, nous avons relevé les prix des flacons de 75 ml et 250 ml entre le 25 novembre 2019 et le 5 mars 2020 dans 8 enseignes. Bilan.

L’augmentation des tarifs des flacons de gels hydroalcooliques tant redoutée a incité le gouvernement à publier un décret pour encadrer les prix de vente le 6 mars (voir encadré). Et au vu des tarifs constatés lors de notre relevé de prix, la décision s’imposait réellement.

Entre le 25 novembre 2019 et le 5 mars 2020, les 18 références de marques nationales et de marques de distributeurs (MDD) vendues dans 8 enseignes (Auchan, Carrefour, Casino, Chronodrive, Cora, E. Leclerc, Intermarché et Système U) ont augmenté de façon tout à fait anormale :

  • flacons de gels hydroalcooliques de 75 ml : +30 %
  • flacons de gels hydroalcooliques de 250 ml : +32 %

À noter, nous avons également pu constater que depuis le 27 janvier un nombre plus important de gels hydroalcooliques a été mis dans les rayons des grandes surfaces.

Prix de vente maximum des gels hydroalcooliques selon le décret du 6 mars 2020

  • 2 € les flacons de 50 ml (40 € TTC le litre)
  • 3 € les 100 ml (30 € TTC le litre)
  • 5 € les 300 ml (16,70 € TTC le litre)
  • 15 € le litre

Franck Attia

Marine Perier-Dulhost

13 mars 2020

Coronavirus : la téléconsultation facilitée

Coronavirus : la téléconsultation facilitée

À partir d’aujourd’hui, en raison de l’épidémie de Covid-19, les téléconsultations sont remboursées, même celles réalisées en dehors du parcours de soins.

Jusqu’ici, pour être remboursé d’une téléconsultation, il fallait consulter son médecin traitant, ou un médecin vu dans les douze mois. Bref, respecter le parcours de soins. L’actuelle épidémie de Covid-19, provoquée par le coronavirus venu de Chine, vient d’obliger les autorités sanitaires à bousculer les règles. Dès aujourd’hui, après signature d’un décret en ce sens hier, les contraintes sont levées pour la prise en charge d’une téléconsultation, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. On pourra désormais se connecter à n’importe quelle plateforme de téléconsultation, se créer un compte, et solliciter un rendez-vous avec n’importe quel médecin disponible : le coût de 25 € sera couvert par l’assurance maladie. L’usage d’autres moyens de communication doit également être facilité, sans qu’on sache précisément si le décloisonnement ouvrira la possibilité de recourir à des outils quotidiens comme FaceTime ou Skype, le décret n’ayant pas été publié à l’heure où nous écrivons.

L’objectif, logique, est d’éviter que des personnes malades et potentiellement porteuses du coronavirus n’aillent s’entasser dans les salles d’attente des cabinets médicaux et contaminer d’autres patients.

LES PLATEFORMES DE TÉLÉCONSULTATION, BÉQUILLE DU GOUVERNEMENT

Les plateformes de téléconsultation ont flairé la bonne occasion, et proposent pour la plupart aux médecins de s’abonner gratuitement à leurs services. Dans le contexte pandémique, le geste est tout à leur honneur, bien que l’opportunité de fidéliser une clientèle future soit évidente.

De son côté, le syndicat de médecins MG-France a mis en garde contre les dérives de la téléconsultation à tout-va. Il rappelle d’abord une évidence : la téléconsultation ne créera pas de temps médical supplémentaire. Mais surtout, la téléconsultation ne permettra pas d’apprécier la gravité de l’infection. Pour un coup de fièvre chez une personne jeune en bonne santé, l’outil peut être utile. Mais pour une personne âgée inconnue du téléconsultant, dont il ne maîtrise pas les antécédents et les traitements en cours, la téléconsultation « augmente le risque dans la prise de décision », souligne MG-France.

Anne-Sophie Stamane

13 mars 2020

Démarchage gaz et électricité : les confidences d’un commercial

Démarchage gaz et électricité : les confidences d’un commercial

La mauvaise conscience a fini par l’emporter, un démarcheur à domicile qui travaille pour un sous-traitant d’Iberdrola et d’Engie nous a parlé de ses méthodes de vente. Édifiant !

Appelons-le Sylvain, il travaille chez un sous-traitant qui démarche pour le compte d’Iberdrola et d’Engie. Tout a commencé par deux jours de formation intensifs consacrés à la souscription d’un contrat. Après quelques explications, les nouvelles recrues passent aux travaux pratiques. On joue au commercial et à son client sous l’œil aguerri du responsable, on échange les rôles et c’est à qui se montrera le plus convaincant.

Puis on se lance pour de bon. Chaque équipe couvre une zone géographique. Tous les matins, elle consulte Google Maps (application de cartographie) et choisit un secteur dense desservi par le gaz afin de pouvoir placer deux contrats d’un coup, celui de gaz et d’électricité, ça rapporte plus. Après avoir vérifié qu’il y a bien des vannes de gaz dans le quartier, la razzia commence, les démarcheurs se partagent le porte-à-porte.

« ON INVENTE LA DATE ET LE LIEU DE NAISSANCE »

L’objectif est de faire le plus de contrats possibles, et l’employeur n’est pas regardant sur les méthodes. « L’idéal est de rencontrer les clients potentiels et de les convaincre, mais pour remplir un contrat, on peut aussi s’en passer, explique Sylvain. Il nous suffit d’avoir le point de livraison pour l’électricité, le point de comptage pour le gaz. C’est impossible avec les compteurs classiques, mais avec Linky, c’est très facile, on ouvre les placards ou les coffres, on relève le numéro. On prend le nom sur la boîte aux lettres, on invente la date et le lieu de naissance. Pour connaître le nom du fournisseur actuel, on appelle Enedis en se faisant passer pour la personne et en inventant un problème insoluble. Une fois qu’on l’a, on n’a plus qu’à signer, c’est un nouveau contrat. »

Pour le gaz, les commerciaux font la chasse aux petits cartons laissés par les agents GRDF, et quand ils ne les trouvent pas, la technique est bien rôdée. Ils sonnent et assurent qu’ils passent pour le relevé de compteur. Évidemment ils détectent une anomalie, ils demandent les factures pour vérifier que le client n’est pas lésé, y piochent toutes les informations nécessaires et font signer un « avis de passage », qui n’est autre que la dernière page du contrat.

4 000 € À 5 000 € PAR MOIS

« Les premiers jours on s’interroge, c’est pas clean, on a des doutes, se souvient Sylvain, et puis on gagne tellement bien sa vie qu’on oublie vite. » La rémunération est de fait incitative. C’est 50 € par contrat, et compte tenu des pratiques, il est facile d’en engranger plusieurs par jour. Quand le démarcheur rencontre le client, c’est 25 € de plus s’il lui place une assurance dépannage plomberie avec prélèvement mensuel, et encore 10 € s’il lui vend un abonnement à des livrets de mots croisés ou de jeux, facturé ensuite 8 € par mois. À ce régime-là, Sylvain et ses collègues empochent 4 000 € à 5 000 € par mois sans forcer.

Ce n’est pas avec de telles rémunérations que les mauvaises pratiques de démarchage vont cesser. La seule solution pour protéger les consommateurs, c’est d’interdire purement et simplement le démarchage, qu’il se fasse à domicile comme le réclame le Médiateur national de l’énergie, ou par téléphone comme le demande la pétition de l’UFC-Que Choisir et quelques autres associations.

Comparez les offres

Une offre de gaz ou d’électricité se choisit à tête reposée, après l’avoir comparée aux autres offres disponibles. Il y en a plus de 70 en électricité, une quarantaine en gaz. Notre comparateur énergie les recense en donnant, pour chacune d’elles, l’économie réalisée ou son surcoût par rapport au tarif réglementé.

Élisabeth Chesnais

13 mars 2020

Gels hydroalcooliques. Leur intérêt et leurs limites

Gels hydroalcooliques. Leur intérêt et leurs limites

SOMMAIRE
  • 1. Le gel hydroalcoolique est-il plus efficace que le lavage des mains à l’eau et au savon ?
  • 2. Le gel hydroalcoolique présente-t-il des inconvénients ?
  • 3. Quand utiliser du gel hydroalcoolique ?
  • 4. Comment utiliser un gel hydroalcoolique ?
  • 5. Que penser des recettes maison ?
  • 6. Comment se laver les mains ?

LE GEL HYDROALCOOLIQUE EST-IL PLUS EFFICACE QUE LE LAVAGE DES MAINS À L’EAU ET AU SAVON ?

La réponse est non. « Il n’y a aucun intérêt à utiliser du gel si l’on dispose d’un accès à un point d’eau et à du savon, précise Olivier Schwartz, responsable de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur. Se laver les mains soigneusement est aussi efficace et moins cher. De plus, le gel ne lave pas. » De ce fait, des saletés diverses, même microscopiques, peuvent rester à la surface des mains après utilisation et si l’on est en contact par la suite avec des virus, ils y trouveront un terrain propice à leur survie.

« L’efficacité des gels sur Covid-19 en particulier n’a pas été testée mais il n’y a pas de raison d’en douter car elle a été confirmée sur d’autres coronavirus », poursuit Olivier Schwartz. Cela dit, les bonnes vieilles méthodes peuvent s’avérer tout aussi probantes sur l’élimination des virus et bactéries. Ainsi, du temps où sévissait la grippe A (H1N1), une étude avait montré que le lavage à l’eau et au savon était plus efficace que l’utilisation de trois gels hydroalcooliques (à base d’alcool seul ou d’alcool + chlorhexidine). Même chose avec la redoutable bactérie Clostridium difficile dont le lavage, même à l’eau froide, a pu venir plus facilement à bout que l’application de produit antibactérien.

2 LE GEL HYDROALCOOLIQUE PRÉSENTE-T-IL DES INCONVÉNIENTS ?

Dans la mesure où ils restent sur la peau, les gels hydroalcooliques sont potentiellement plus nocifs que le savon. S’ils ont pu, par le passé, contenir des ingrédients à risque comme le triclosan, un perturbateur endocrinien, ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’inconvénient essentiel est celui de la présence d’alcool qui peut devenir irritant, surtout si on multiplie les applications. Sont concernées en particulier les peaux réactives, comme celles des personnes souffrant d’eczéma. Par ailleurs, les versions parfumées peuvent contenir des allergènes, elles sont à éviter surtout en cas de terrain allergique.

À noter que ces produits ne peuvent pas, a priori, induire de résistances bactériennes.

3 QUAND UTILISER DU GEL HYDROALCOOLIQUE ?

Quand on n’a pas accès à un point d’eau, on peut utiliser un gel affichant une concentration d’alcool d’au moins 60 %. On le fera dans toutes les circonstances où l’on a pu toucher une surface potentiellement contaminée et où les mains seront ensuite en contact avec les portes d’entrées que sont la bouche, le nez et même les yeux (éviter de se toucher le visage fait ainsi partie des mesures de prévention). « Le virus survit probablement plusieurs heures sur des surfaces inertes, surtout si elles sont lisses ; les tissus, par exemple, sont moins favorables à leur survie car ils sont poreux. Mais pour qu’il puisse infecter quelqu’un, il y a aussi une question de quantité, nuance Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence à l’Institut Pasteur. Concrètement, pour prendre un exemple actuel, les bulletins de vote, que l’électeur précédent aura seulement effleurés, ne constituent pas une menace. Pour le stylo d’émargement, avec lequel le contact est plus prolongé, la question se pose davantage. » Donc, se désinfecter les mains au square avant de donner à goûter aux enfants ou dans les transports après s’être accroché longuement à une barre d’appui, bien sûr. Mais inutile de le faire à tout bout de champ.

Si des précautions supplémentaires sont à prendre en période d’épidémie, une hygiène obsessionnelle peut nuire à notre microbiote cutané qui nous protège des bactéries pathogènes via divers mécanismes et ne doit pas être récuré en permanence.

4 COMMENT UTILISER UN GEL HYDROALCOOLIQUE ?

La question paraît absurde et pourtant… Avant leur mise sur le marché, l’efficacité des gels est établie dans des conditions bien précises de quantité et de durée. Ce sont elles qui sont indiquées sur les flacons dans les conseils d’utilisation. Il n’est pas rare que la quantité prescrite soit de 3 voire 4 ml, et la durée de frottage préconisée d’une minute. C’est beaucoup et c’est très long ! Il faut néanmoins respecter ces prescriptions, faute de quoi l’efficacité n’est pas assurée. « Clairement, en utiliser peu et rapidement ne sert à rien », met en garde Jean-Claude Manuguerra. Conclusion, ceux qui utilisent du gel hydroalcoolique pour gagner du temps alors qu’ils ont un lavabo à disposition ont tout faux.

5 QUE PENSER DES RECETTES MAISON ?

Celles données par des internautes, à base d’huiles essentielles notamment, n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé a publié sur son site une recette validée, mais il est bien précisé qu’elle est destinée aux professionnels de la pharmacie. Par ailleurs, l’accès aux ingrédients n’est pas aisé, la manipulation peut être risquée et les conditions d’asepsie d’une cuisine ne sont pas les mêmes que celles d’un laboratoire. Dans la mesure où les circonstances dans lesquelles l’utilisation de gel hydroalcoolique est indispensable sont limitées et où les prix sont désormais encadrés, l’intérêt de la fabrication maison paraît plus que douteux.

Prix de vente maximum des gels hydroalcooliques (décret du 6 mars 2020)

  • 2 € les flacons de 50 ml (40 € TTC le litre)
  • 3 € les 100 ml (30 € TTC le litre)
  • 5 € les 300 ml (16,70 € TTC le litre)
  • 15 € le litre

6 COMMENT SE LAVER LES MAINS ?

La température de l’eau importe peu mais le temps de frottage avec le savon joue sur l’élimination des virus et autres micro-organismes :

  • 20 secondes, c’est le minimum ;
  • 30 secondes c’est plus sûr.

De toute façon, il faut bien ça pour nettoyer soigneusement tous les recoins (voir schéma) sans oublier l’intérieur des doigts, les ongles et les poignets. Pour atteindre les 30 secondes, il suffit de chanter « Joyeux anniversaire » deux fois ! Actionnez le robinet avec le coude, rincez soigneusement et séchez de même, avec un rouleau de tissu propre, une serviette à usage unique ou un séchoir électrique.

Comment bien se laver les mains
Comment bien se laver les mains (source : ministère de la Santé)

TROP TRIVIAL POUR LES AUTORITÉS DE SANTÉ ?

Dans le cadre de la préparation de cet article, nous avons contacté Santé publique France qui nous a renvoyés vers l’Agence nationale de sécurité du médicament qui nous a renvoyés vers la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (dont ce n’est pas la compétence), qui nous a renvoyés vers la Direction générale de la Santé qui nous a conseillé d’appeler un hôpital quelconque. Comme si les questions concrètes étaient trop triviales pour intéresser les services de l’État. Ce sont pourtant ces questions que les citoyens se posent et lors d’une crise de l’ampleur de celle que nous vivons actuellement, on attend aussi du gouvernement qu’il conseille utilement les citoyens sur les meilleurs moyens d’agir à leur niveau.

Fabienne Maleysson

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11 mars 2020

Agriculture biologique : un nouveau label bio et équitable

Agriculture biologique : un nouveau label bio et équitable

La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) teste sa démarche « Bio – Français – Équitable » avec la chaîne de produits surgelés Picard. Elle veut répondre à la demande grandissante en produits cumulant une production bio et locale, des échanges équitables pour les producteurs, la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité.

Une fleur verte sur fond blanc, ou blanc sur fond vert, portant les termes « Biologique – Français – Équitable », et la mention « Agréé Fnab ». Si vous habitez dans le Sud-Ouest et que vous faites vos courses chez Picard, vous pourrez apercevoir ce nouveau logo, lancé par la fédération des producteurs bio. Il a fait son apparition le 2 mars sur les emballages de quatre légumes (courgette, maïs, haricot vert, carotte) vendus dans 87 magasins Picard de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie. Les producteurs de la Fnab décideront d’un déploiement national après cette phase de test.

logos bio fnab 1
Les 2 logos du nouveau label.

Pourquoi lancer un nouveau label alors qu’il en existe déjà beaucoup, au risque d’ajouter de la confusion pour les consommateurs ? Les responsables de la Fnab en sont conscients, mais ils souhaitent intégrer d’autres dimensions à la filière bio, sans attendre une hypothétique évolution de la réglementation européenne : le cahier des charges de l’Eurofeuille a été modifié en 2018 après des années de négociations, sans satisfaire toutes leurs demandes, et une évolution future est illusoire avant longtemps.

ALLER PLUS LOIN QUE LE LABEL EUROPÉEN

« L’Eurofeuille est un socle très intéressant, mais nous voulons aller plus loin, en particulier sur les critères sociétaux », explique Stéphanie Pageot, secrétaire nationale de la Fnab. La Fédération travaille sur l’approvisionnement local, la qualité de vie des agriculteurs, le commerce équitable en France, mais aussi la biodiversité, le climat… « Il faut bouger maintenant, alors que le bio prend de l’ampleur, et adresser des signaux clairs en direction des industriels et des distributeurs, pour qu’ils intègrent la rémunération des agriculteurs dans la démarche. »

logo europeen agriculture biologique ou Eurofeuille
Le logo européen agriculture biologique ou Eurofeuille.

Ainsi, le projet mené avec Picard est construit autour du commerce équitable : il s’appuie sur la demande de l’enseigne de travailler sur le revenu des agriculteurs et sur une gamme locale de légumes. Il repose sur un contrat tripartite entre les organisations de producteurs qui fournissent les légumes, le transformateur surgélateur et Picard, avec des prix satisfaisants pour les agriculteurs. « Pour autant, il ne s’agit pas de créer un nouveau label de commerce équitable, mais bien de proposer un label « bio + » aux consommateurs », souligne Sophia Majnoni d’Intignano, directrice de la Fnab. Deux axes autour de la biodiversité et du climat complèteront ultérieurement le label.

REPRENDRE LA MAIN SUR LE CONTENU DU LABEL

La gouvernance du label « Bio – Français – Équitable » est assurée par les seuls agriculteurs membres de la Fnab. La Fédération s’est inspirée en cela d’initiatives similaires en Allemagne (menées par l’association Bioland) et en Autriche. C’est le moyen de garder la main sur le contenu du cahier des charges, contrairement aux démarches portées par le ministère de l’Agriculture, les industriels ou les distributeurs (à l’instar des certifications HVE, agriculture de conservation, zéro pesticides…). Et d’éviter les dérapages vers du bio au rabais, alors que le changement d’échelle de la filière fait craindre une industrialisation de la démarche.

Produits Picard avec le nouvel label Bio Français Equitable
Produits Picard avec le nouvel label « Bio – Français – Équitable ».

Elsa Casalegno

10 mars 2020