UFC-Que Choisir Aude/Pyrénées-Orientales

Justice : l’exécution immédiate des jugements étendue

Justice : l’exécution immédiate des jugements étendue

La mesure est passée assez inaperçue et pourtant elle marque une petite révolution dans le droit français. Pour les procédures introduites depuis le 1er janvier, les jugements qui seront rendus en première instance devront être exécutés même si l’une des parties à l’instance a fait appel.

Justice L’exécution immédiate des jugements étendue

Voilà une mesure qui fait grincer quelques dents chez les juristes. En application de la loi justice adoptée au printemps dernier, les jugements rendus par les tribunaux civils de première instance deviennent exécutoires de plein droit (art. 514 du code de procédure civile). En d’autres termes, même si l’une des parties fait appel, la décision s’applique. Par exemple, la partie condamnée à verser des dommages-intérêts à son adversaire devra le faire sans délai. La mesure vaut pour les procédures introduites après le 1er janvier 2020.

Auparavant, le juge avait une marge de manœuvre. Il devait spécifier noir sur blanc qu’il ordonnait l’exécution du jugement rendu, ce qui était loin d’être systématique. En dehors de ce cas, faire appel d’une décision avait, en principe, un effet suspensif. Autrement dit, les dispositions du jugement de première instance étaient gelées tant que la cour d’appel ne s’était pas prononcée.

Avec l’exécution provisoire d’office, si la partie qui a perdu en première instance interjette appel et qu’elle gagne, alors elle devra être rétablie dans la situation antérieure. Ainsi, elle pourra réclamer le remboursement des dommages-intérêts versés à la partie qui a remporté la première manche !

UNE SOURCE DE NOUVEAUX CONTENTIEUX

Certains observateurs mettent en avant les difficultés que cela occasionnera, ce qui aura pour conséquence de créer un nouveau contentieux. Tout l’inverse de l’objectif visé par cette réforme qui est de désengorger les tribunaux saturés. Environ 20 % des décisions de première instance font aujourd’hui l’objet un appel. Et le taux d’infirmation tourne autour de 50 %, ce qui n’est pas rien !

L’exécution provisoire d’office supporte néanmoins quelques exceptions. Certaines sont fixées par la loi. Ainsi, elle ne s’applique pas à certaines décisions statuant sur l’état civil (par exemple, demande de changement de nom ou de prénom), aux décisions du juge des affaires familiales (par exemple, autorité parentale et pension alimentaire) ou liées à l’adoption.

Les exceptions peuvent également être judiciaires. Le juge a la possibilité de renoncer à l’exécution s’il estime qu’elle est incompatible avec la nature de l’affaire dont il est saisi. Autre cas de figure, s’il y a appel, la partie condamnée peut demander au premier président de la cour d’appel compétente la suspension de l’exécution provisoire. Cela ne sera toutefois pas possible si lors du premier round elle n’avait pas formulé d’observations sur le caractère exécutoire de la procédure.

Arnaud de Blauwe

27 janvier 2020

Smartphones reconditionnés : évitez d’acheter chez Beephone

Smartphones reconditionnés : évitez d’acheter chez Beephone

En avril 2019, nous sonnions l’alerte sur le manque de fiabilité de Beephone, un vendeur de smartphones reconditionnés. Près d’un an plus tard, les témoignages de consommateurs mécontents continuent d’affluer, sur les réseaux sociaux notamment, pour signaler d’importants retards de livraison et de remboursement. Malgré les promesses de l’entreprise, la situation est loin de s’être améliorée.

Smartphones reconditionnés Évitez d’acheter chez Beephone

Beephone prend vraiment ses clients pour des pigeons. Ils en ont en tout cas l’impression, à en croire la photo du columbidé qui illustre le groupe Facebook de consommateurs mécontents « Mauvaise expérience Beephone ». Ce n’est d’ailleurs pas le seul, il y a aussi le groupe « Beephone Déception » ou encore le compte Twitter « Victimes de Beephone ». Faute de solution satisfaisante via le service après-vente de Beephone, les clients déçus s’expriment massivement sur les réseaux sociaux et sur le forum de Que Choisir. Le flux de témoignages est incessant. Tous dénoncent d’importants retards de livraison (ils peuvent atteindre plusieurs mois !), des remboursements qui n’arrivent jamais et une communication mensongère de Beephone qui tente de calmer le jeu avec des mails apaisants (mais totalement vains). « Au mois de juin dernier, j’ai commandé un iPhone 8 à 528 € ; la date de livraison a été repoussée plusieurs fois. J’ai alors décidé de demander un remboursement en juillet. Nous sommes début janvier, ça fait donc 7 mois que j’attends, c’est honteux ! Je leur envoie des mails mais rien n’y fait », raconte Johanne sur Facebook. Ce témoignage ressemble à des dizaines d’autres, parfois même plus virulents ou plus désespérés.

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La page Facebook du compte « Mauvaise expérience Beephone »

UN PRÊT BANCAIRE POUR REMBOURSER LES CLIENTS

Ainsi rien n’a changé depuis avril 2019, date à laquelle nous sonnions déjà l’alerte sur un vendeur qui affirmait alors que tout allait rapidement s’arranger. Malgré des problèmes d’approvisionnement manifestes, Beephone a continué à prendre les commandes et à encaisser l’argent de ses clients sachant pertinemment qu’ils ne seraient pas livrés de sitôt. Le pire ? Elle ne le nie même pas ! « Nous avions besoin de trésorerie ! », explique simplement Maria Volokhov, cofondatrice de l’entreprise, comme si c’était tout à fait normal. « Des dizaines de clients attendent un remboursement, mais nous n’avons pas les fonds. Nous avons sollicité un prêt bancaire qui devrait nous être accordé d’ici un mois. Nous rembourserons alors tout le monde d’un coup », promet-elle. Du côté des livraisons, la responsable prétend que tout est rentré dans l’ordre et que les smartphones reconditionnés sont désormais expédiés dans les 2-3 jours. Beephone affirme en effet avoir cessé de reconditionner elle-même les smartphones (et licencié, au passage, une dizaine de techniciens) ; désormais, l’entreprise rachèterait directement des appareils remis en état, prêts à être revendus, à l’étranger. Des témoignages récents font pourtant encore état de retards. Un conseil, donc : si vous cherchez un smartphone reconditionné, fuyez Beephone.

BAD BUZZ SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

Les clients lésés, qui communiquent beaucoup sur les réseaux sociaux, sont d’autant plus ulcérés qu’ils voient régulièrement passer des jeux concours et des codes promo : Beephone utilise en effet massivement ces mêmes réseaux sociaux comme outil marketing (un levier gratuit pour les marques…). « Beephone fait le mort quand il s’agit de répondre à ses clients mais à chaque rendez-vous commercial – Black Friday, Noël, soldes – sa promo reprend », s’insurge Cédric Garot, client déçu et administrateur de la page Facebook « Mauvaise expérience Beephone ». La communauté des mécontents s’emploie dès lors à réagir systématiquement à toutes les pubs de Beephone pour alerter les consommateurs. Un bad buzz que le vendeur de smartphones reconditionnés déplore (Maria Volokhov, cofondatrice de l’entreprise, parle carrément d’« acharnement ») mais… qu’il n’a pas volé.

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Exemple de campagne de communication de Beephone sur Twitter.

Camille Gruhier

27 janvier 2020

Chargeurs de smartphones : notre test fait réagir les vendeurs (ou pas)

Chargeurs de smartphones : notre test fait réagir les vendeurs (ou pas)

Notre test de chargeurs de smartphone, qui a révélé la non-conformité, voire la dangerosité, de nombreux modèles, a fait réagir les distributeurs. Babou a rapidement retiré son modèle Joja de son réseau de magasins. D’autres, comme Auchan et Darty, se sont engagés à corriger les failles mises au jour dès leur prochaine production de chargeurs. Sans surprise, les obscurs revendeurs des marketplaces d’Amazon et de la Fnac sont restés mutiques. Un nouveau signe qui invite à ne surtout pas acheter de chargeur chez eux.

Chargeurs de smartphones Notre test fait réagir les vendeurs (ou pas)

La procédure, systématique, est bien rodée : avant de publier les résultats d’un test, Que Choisir envoie scrupuleusement au fabricant de chaque produit testé (ou à défaut à son distributeur), les résultats de laboratoire que son produit a obtenus. Ceci afin de lui laisser le temps de réagir et d’engager avec lui, s’il le souhaite, une discussion.

Pour notre test de chargeurs de smartphones, nous avons acheté 20 modèles chez une palette de distributeurs variés, des grandes surfaces (Auchan, E. Leclerc) aux spécialistes (Darty, Conrad) en passant par les enseignes bon marché (Foir’Fouille, Gifi, Action) et des marketplaces (Amazon, Fnac). Précisons d’ailleurs que nous n’avons pas pu joindre certains vendeurs obscurs de ces marketplaces dans la mesure où aucune adresse postale ou électronique n’était mentionnée nulle part. Les autres n’ont pas réagi, alors que leurs chargeurs sont plus qu’inquiétants. Seul Rakuten a retiré le chargeur incriminé et alerté le vendeur qui en était à l’origine, Phoneboutik.

AUCHAN COOPÉRATIF, E. LECLERC RÉTICENT

Auchan, qui fait fabriquer des chargeurs sous sa marque Selecline, s’est montré coopératif. Reconnaissant les manquements relevés dans notre test (absence d’instructions de sécurité et de symboles obligatoires), le distributeur s’est engagé à fournir un dépliant détaillé dès sa prochaine production. E. Leclerc n’a, au contraire, pas admis la dangerosité de son chargeur Hoe. Selon lui la taille et la rigidité du câble mis en cause écartent tout risque car il empêche tout contact avec des éléments conducteurs non protégés. Cet argument ne tient pas la route : son chargeur reste non conforme à la réglementation. Concernant le marquage, lui aussi lacunaire, E. Leclerc explique simplement… qu’il n’avait pas la place. Mais précise que son prochain modèle, sous une nouvelle marque (Linkster), corrigera le tir. Darty a retiré son modèle Temium et s’engage à respecter la réglementation sur le prochain. De son côté, Babou a retiré le chargeur Joja de son réseau (près de 100 magasins en France) et organisé un rappel afin que tous les acheteurs le rapportent et se fassent rembourser. Conrad nous a expliqué que le chargeur Goobay testé est en rupture de stock et sera prochainement remplacé par un nouveau modèle. Ce qui signifie que tous ses chargeurs défectueux sont chez des consommateurs ! Heureusement, il ne s’agit que de manquements sans gravité (marquage et instructions).

Camille Gruhier

Vincent Erpelding

Rédacteur technique

27 janvier 2020

Gaz et électricité : gare au démarchage d’Iberdrola

Gaz et électricité : gare au démarchage d’Iberdrola

Exaspéré par la dizaine d’appels d’Iberdrola reçus en quelques semaines, Raphaël, un particulier, décide d’enregistrer sa conversation avec l’interlocuteur du fournisseur de gaz et d’électricité. Un condensé des mauvaises pratiques de démarchage !

Gaz et électricité Gare au démarchage d’Iberdrola

« Vous payez un peu cher, commence par lui dire le démarcheur, donnez-moi vos coordonnées, je vais vous faire une simulation. Avez-vous une facture ? » La réponse négative de Raphaël n’arrête pas le démarcheur, il se base sur la mensualité communiquée, 80 €, et quelques instants plus tard, annonce une belle économie, avec des mensualités ramenées à 68 €. « Ma simulation est précise, basée sur la consommation que vous m’indiquez. Vous payez trop cher. Je vous rédige un contrat et je vous l’envoie de suite, on va le regarder tous les deux. » Après quelques palabres, il demande l’air de rien à Raphaël de lui communiquer son IBAN. Notre cobaye a heureusement la présence d’esprit de refuser catégoriquement.

Le contrat arrive quelques instants plus tard sur sa boîte mail, le démarcheur lui demande d’aller à la page 17, puis de cliquer pour accéder à la signature. « Vous n’êtes engagé à rien en validant aujourd’hui, vous avez un droit de rétractation pendant 14 jours, précise-t-il. Cliquez sur « Lu et accepté les conditions générales ». »

« Mais il faut que je lise les 17 pages », se récrie Raphaël. Pas démonté, le vendeur d’Iberdrola explique qu’il en a parlé en long et en large, qu’il a tout expliqué en détail, qu’il est possible, mais inutile de tout lire, et lui demande à nouveau de cliquer sur « accepter les conditions générales ». Raphaël invoque alors un problème avec son ordinateur pour mettre fin à l’entretien.

Les conseils de Que Choisir

Si Iberdrola a pris la détestable habitude de démarcher les consommateurs, il n’est pas le seul comme le rappelle la récente condamnation d’Engie. Attention, quel que soit le fournisseur, la méthode est toujours la même. On explique d’abord à l’usager qu’il paie trop cher et on lui promet une belle économie en faisant mine de l’avoir calculée avec une extrême précision. On donne même des détails pour prouver le sérieux du résultat, avant d’en venir à la satisfaction des clients qui ont eu la bonne idée de souscrire. Ensuite, avec du bagou et des propos rassurants, on fait tout pour inspirer confiance, le but de l’appel étant d’amener le consommateur à fournir un maximum d’informations, jusqu’à son compte bancaire, et à signer illico. Le piège fonctionne souvent, Que Choisir recommande donc de raccrocher au plus vite lorsqu’on est appelé et de ne jamais ouvrir la porte de son domicile à un démarcheur.

Comparez les offres

Une offre de gaz ou d’électricité se choisit à tête reposée, après l’avoir comparée aux autres offres disponibles. Il y en a plus de 70 en électricité, une quarantaine en gaz. Notre comparateur énergie les recense en donnant, pour chacune d’elles, l’économie réalisée ou son surcoût par rapport au tarif réglementé.

Élisabeth Chesnais

23 janvier 2020

Arrêts de travail en ligne : arretmaladie.fr attaqué par l’assurance maladie

Arrêts de travail en ligne : arretmaladie.fr attaqué par l’assurance maladie

Le site Arretmaladie.fr, qui met en avant la possibilité de donner après téléconsultation des arrêts de travail jusqu’à trois jours est attaqué en justice par l’assurance maladie. Décryptage de ce nouveau service qui fait polémique.

Lancé tout début janvier, le site Arretmaladie.fr est dans le viseur de l’assurance maladie et de l’Ordre des médecins. Une action en justice est en cours pour tromperie. Il faut dire que le concept, lancé par un avocat allemand, est osé. Le nom, ainsi que l’annonce sans détour « Arrêt maladie sans se déplacer » sur la page d’accueil, font miroiter l’obtention en quelques clics, 7 jours sur 7 et sur simple demande, de trois jours « off » comme on ferait ses courses. Le tout sans le désagrément du délai de rendez-vous et de l’attente au cabinet d’un médecin. L’esprit marketing décomplexé de la démarche a de quoi surprendre.

En pratique, l’utilisation du site est effectivement un jeu d’enfant. Après avoir choisi entre coup de froid et gastroentérite (les autres options comme cystite ou douleurs de règles ne sont pour le moment pas actives), l’internaute doit cocher ses symptômes (diarrhée, fièvre supérieure à 38,5 °C, etc.), indiquer s’il a un médecin traitant disponible dans un délai raisonnable, avant d’être renvoyé vers une téléconsultation avec un médecin. Il y a donc bien un contrôle professionnel de la demande, il ne s’agit pas d’un self-service. Tout est légal, puisque la téléconsultation est codifiée et promue depuis 2018 par l’assurance maladie elle-même, et qu’elle peut effectivement se solder par un arrêt de travail (et/ou par une ordonnance de soins). À envoyer à l’employeur, dans les délais et conditions habituels. Reste que, dans cette configuration, le médecin consulté ne connaît pas vraiment la personne qui le sollicite. Il ne sait pas avec certitude quel métier elle exerce et si son affection l’empêche réellement de se rendre au travail. Pour éviter les dérives et les abus, des restrictions sont prévues. L’arrêt accordé ne peut pas excéder les trois jours. Un délai de trois semaines doit être respecté entre chaque arrêt, et le nombre d’arrêts est limité à quatre par an.

Remboursables ou non les 25 € ?

Du point de vue des finances publiques, l’impact n’est pas démesuré. En raison du délai de carence dans le secteur privé, un arrêt de trois jours n’est pas couvert par la sécu : le salarié n’est pas payé, ou alors c’est son employeur qui couvre le manque à gagner. Dans la fonction publique, deux jours, sur les trois possibles, peuvent être pris en charge, car le délai de carence n’est que d’une journée. Le débat porte sur les 25 € payés pour la consultation. Arretmaladie.fr laisse entendre qu’ils sont remboursables. Or, légalement, une téléconsultation n’est prise en charge que dans le parcours de soins : si le médecin consulté n’est pas le médecin traitant, elle n’est pas couverte. Toutefois, il y a des exceptions : en cas d’indisponibilité, un autre médecin, indiqué par le médecin traitant, peut être sollicité. Mais il doit faire partie d’une « organisation collective coordonnée territoriale », c’est-à-dire par exemple une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP). En toute logique, une téléconsultation via Arretmaladie.fr ne devrait pas être remboursée. Suite à l’action en justice lancée par l’assurance maladie, c’est sur ce point que le tribunal se prononcera.

La page d’accueil d’Arretmaladie.fr

visuel site arretmaladie fr

Anne-Sophie Stamane

23 janvier 2020

Jeûne intermittent : des bénéfices santé à confirmer

Jeûne intermittent : des bénéfices santé à confirmer

Passer plus de temps à ne pas manger qu’à manger : telle est la philosophie du jeûne intermittent avec des effets pas complètement prouvés mais encourageants. Décryptage.

Concentrer ses repas sur une période de 10 heures par jour et jeûner les 14 heures restantes. Telle était la consigne donnée aux participants à un essai clinique original mené en Californie (1). Ces volontaires présentaient différents marqueurs de risque cardiovasculaire : obésité abdominale, hypertension, taux de graisses dans le sang anormalement élevés, etc.

Tous les marqueurs améliorés

Au bout de trois mois de ce régime, restreint non pas sur ce qu’ils pouvaient manger mais dans la période où ils pouvaient manger, la plupart des paramètres de santé se sont améliorés. En moyenne, au bout de 3 mois de ce jeûne intermittent, les participants ont vu leur tour de taille affiné de 4,5 cm et leur pression artérielle abaissée de 5,1 mmHg (sur la systolique), une réduction des signes de diabète chez ceux qui en présentaient. Effet collatéral positif, une perte de poids de 3 kg a été observée. Ces résultats méritent confirmation car l’étude n’a été menée que chez 19 personnes et sans groupe de comparaison, ce qui en limite la portée.

Des essais à transformer

Toutefois, une littérature de plus en plus abondante dessine aujourd’hui les bénéfices de ce genre de jeûne, dit intermittent. Celui-ci peut prendre plusieurs formes : ne pas manger sur une longue période de la journée ou pendant quelques jours par semaine. En janvier 2020, une étude parue dans un des plus grands journaux médicaux internationaux (2) a fait le point. On est loin des « incroyables bienfaits pour détoxifier l’organisme » promus par certains sites. Les études montrent des résultats sur les « constantes » biologiques (ce que l’on peut mesurer dans le corps) comme l’hypertension, les taux de graisses dans le sang, la résistance à l’insuline, le taux de glucose et de marqueurs de l’inflammation. Chacun peut-il en bénéficier ? Difficile à affirmer car ces études ont surtout été faites chez des personnes obèses. De plus, on ne sait pas si ces modifications biologiques se traduisent concrètement par une réduction de maladies (par exemple moins d’infarctus). D’autant que les contraintes de ce genre de régime peuvent le rendre difficile à tenir dans la durée.

En pratique

En général, les périodes de jeûne sont de 16 à 18 heures par jour, ce qui laisse une « petite » fenêtre, de 6 h à 8 h seulement, pour s’alimenter chaque jour. En comparaison, la fenêtre de 10 heures proposée dans l’étude californienne reste compatible avec une vie sociale, professionnelle et familiale. Les volontaires n’ont pas particulièrement sauté de repas. Ils ont retardé l’heure de leur petit-déjeuner et avancé celle du dîner de façon à ne manger, par exemple, qu’entre 8 h et 18 h ou entre 10 h et 20 h.

(1) « Ten-hour time-restricted eating reduces weight, blood pressure, and atherogenic lipids in patients with metabolic syndrome », Cell Metabolism, 07/01/20.
(2) « Effects of intermittent fasting on health, aging, and disease », New England Journal of Medicine, 26/12/19.

Perrine Vennetier

23 janvier 2020

Plastique à usage unique : quand l’industrie tombe dans l’absurde

Plastique à usage unique : quand l’industrie tombe dans l’absurde

Dans un tout récent communiqué de presse, l’industrie du plastique, via son syndicat professionnel, défend l’utilisation des plastiques à usage unique… pour avoir de la matière à recycler. On marche sur la tête.

Plastique à usage unique Quand l’industrie tombe dans l’absurde

À se demander si les communicants de Plastics Europe, le puissant syndicat professionnel des industriels du plastique, relisent les publications avant leur sortie. Que Choisir ne résiste pas au plaisir de citer l’ahurissant communiqué de presse reçu au sujet du recyclage des plastiques. On y lit en effet que « l’objectif français de faire disparaître les emballages plastiques à usage unique risque de compromettre l’atteinte des taux élevés de recyclage. Ceux-ci nécessitent en effet des investissements importants à toutes les étapes de la chaîne de recyclage, qui pourraient être découragés par la perspective de disparition de la ressource à traiter ».

Il faudrait donc continuer à jeter des quantités de plastique sitôt utilisés, rien que pour pouvoir les recycler ! Que l’industrie du plastique profère de telles énormités prouve au moins que les interdictions décidées et à venir d’objets en plastique à usage unique devraient être efficaces. C’est une excellente nouvelle pour l’environnement et la santé humaine, tant l’accumulation de micro et nanoplastiques devient préoccupante comme nous avons pu le constater, par exemple, dans nos analyses de produits de la mer.

Dès cette année, depuis le 1er janvier, les cotons-tiges, les gobelets vendus vides et les assiettes jetables en plastique sont interdits à la vente en France. La réglementation européenne viendra enrichir cette liste d’interdictions dès le 1er janvier 2021 en y ajoutant les couverts, les pailles, les touillettes, les tiges pour ballons gonflables, ainsi que les emballages alimentaires en polystyrène expansé. Restent les petites bouteilles, un gisement énorme de déchets qui résiste pour l’heure aux interdictions… Les industriels ont encore de quoi recycler !

Élisabeth Chesnais

22 janvier 2020

Nouveau modem Bbox : gros ravalement de façade

Nouveau  : gros ravalement de façade

Les futurs abonnés à l’offre Internet fixe Ultym de Bouygues Télécom recevront un tout nouveau modem qui rompt avec les standards plus par son design que par ce qu’il a dans le ventre. Revue de détail.

visuel nouveau modem bbox fibre

À partir de la fin du mois de janvier 2020, les nouveaux abonnés au forfait Bbox Ultym, l’offre d’Internet fixe haut de gamme de Bouygues Télécom, se verront confier un tout nouveau modem. Fini le boîtier blanc qui cherchait à se faire discret, le nouveau boîtier entend bien s’imposer au milieu du salon. Il a quelques arguments pour y parvenir.

UN DESIGN ÉTONNANT

Ce bloc de 23 cm de haut sur 15 cm de large en forme de cheminée a de quoi interloquer à première vue. Mais d’après Bouygues Télécom, cette forme est censée aider à la diffusion du signal Wi-Fi (les antennes Wi-Fi sont situées au-dessus des composants pour éviter les interférences) et assurer une bonne ventilation. Quant à sa façade noire et brillante, elle est plutôt élégante, même si elle pourrait s’avérer assez sensible à la poussière et aux traces de doigts.

UN WI-FI PERFORMANT

À l’instar de la SFR Box 8, le nouveau modem de Bouygues intègre le Wi-Fi 6, la toute dernière norme de Wi-Fi qui accroît les débits et assure une meilleure gestion du signal. Encore faut-il, pour en profiter pleinement, disposer de smartphones et d’ordinateurs équipés de cette norme. Or, ils sont encore rares. À ceux qui ont un grand logement, Bouygues propose gratuitement un répéteur Wi-Fi qu’il suffira d’installer à bonne distance du modem pour étendre la couverture. Ce petit boîtier, qui reprend le design de la box, intègre lui aussi le Wi-Fi 6. Pour en bénéficier, il faut adresser une demande au service client.

visuel nouveau modem bbox fibre arriere
Le nouveau modem de Bouygues Télécom vu de dos.

UN ÉCRAN DISCRET

La façade ne comporte que 2 boutons (un WPS pour appairer les appareils et un autre pour activer et désactiver le Wi-Fi) et un écran qui s’allume lorsqu’on approche la main ou que l’on tourne la grosse molette proéminente. Celle-ci sert à surfer dans les menus afin d’accéder à des réglages et à diverses informations comme l’état de la connexion ou les messages laissés sur sa boîte vocale. L’ensemble est fluide et plutôt ergonomique.

DES GADGETS BIENVENUS

Le nouveau modem de Bouygues intègre quelques petites nouveautés qui, sans être révolutionnaires, n’en restent pas moins sympathiques. Dans le menu figure notamment un test de débit qui permet, directement depuis le modem, d’afficher les débits montant ou descendant du moment. Une autre fonctionnalité permet de connecter un nouveau smartphone en Wi-Fi grâce à un système de QR code qui apparaît sur l’écran et qu’il suffit de flasher. Il est enfin possible, depuis l’appli Bouygues Télécom, de contrôler sa box à distance, et notamment déterminer des plages horaires pendant lesquelles chaque appareil pourra ou non se connecter en Wi-Fi. Il ne s’agit pas à proprement parler de contrôle parental, mais c’est un bon début pour surveiller l’accès des enfants à Internet.

UN MODEM DURABLE

À en croire Bouygues, tout aurait été fait pour assurer un impact minimum de ce modem sur l’environnement : utilisation de matériaux recyclables, démontage facile pour une plus grande réparabilité, etc. Il est également évolutif puisqu’il suffira de remplacer un composant (la carte Wi-Fi, par exemple) pour que le modem s’adapte aux futures normes. Reste à voir comment cette durabilité annoncée sera gérée dans les faits. En tout cas, le fait que la façade n’arbore aucune diode lumineuse inutile et que l’écran noir et blanc ne reste pas allumé semble montrer une vraie volonté de limiter la consommation d’électricité.

PAS DE NOUVEAU DÉCODEUR ASSOCIÉ

Alors que d’autres opérateurs se plaisent à vanter les atouts de leurs décodeurs TV, Bouygues a fait le choix audacieux de ne changer que la partie modem. Le décodeur TV et les services associés (accès à la télévision, VOD, replay, enregistrement des programmes, media center, etc.), resteront donc les mêmes qu’aujourd’hui. Et contrairement à certains de ses concurrents, le nouveau modem de Bouygues ne comporte ni enceinte, ni commande vocale (celle-ci reste néanmoins disponible sur le décodeur TV). Il n’intègre pas non plus de 4G/5G qui aurait permis d’accéder à Internet en cas de réseau fixe défaillant ni de Femtocell, un système qui permet de bénéficier d’un réseau 4G à la maison.

NOUVEAU MODEM POUR LE MÊME PRIX

À partir de fin janvier, le nouveau modem sera livré automatiquement aux nouveaux abonnés à l’offre Ultym, qui existe déjà depuis quelques années. Son prix sera le même qu’aujourd’hui, à savoir 24,99 €/mois pendant 12 mois puis 41,99 €/mois. Les abonnés actuels à l’offre Ultym pourront troquer leur ancien modem contre ce nouveau modèle, mais Bouygues Télécom ne précise ni quand ni dans quelles conditions.

NOTRE AVIS

Bouygues n’a pas succombé à la débauche de nouveautés plus ou moins utiles dans laquelle se sont lancés plusieurs de ses concurrents et dans un sens, c’est tant mieux. L’opérateur s’est contenté de quelques innovations qui, sans être révolutionnaires, sont plutôt bien vues. Quant au Wi-Fi 6, même s’il n’apportera pas grand-chose dans l’immédiat à la plupart des utilisateurs, il fallait l’intégrer tant il est certain que cette norme va vite s’imposer. Reste à savoir si les performances promises par Bouygues, notamment en matière de Wi-Fi, seront au rendez-vous et si sa capacité à évoluer avec le temps sera réellement mise à profit pour limiter la production de déchets. Ce modem est d’autant plus une bonne nouvelle que le prix de l’offre à laquelle il est associé ne change pas. On peut toutefois regretter qu’il ne soit fourni qu’avec l’offre premium de Bouygues, permettant ainsi à l’opérateur de segmenter un peu plus ses offres et d’inciter une partie de ses clients à basculer sur une offre plus chère.

Cyril Brosset

22 janvier 2020

Tramadol : pas plus de 3 mois

Tramadol : pas plus de 3 mois

La durée maximale de prescription du tramadol, un antidouleur opioïde, va être réduite à 3 mois. Cette mesure est censée limiter le risque de dépendance et de mauvais usage associé à ce médicament.

Tramadol Pas plus de 3 mois

Le tramadol est l’antalgique dérivé de l’opium le plus consommé en France, devant la codéine. Il est aussi source d’inquiétude de la part des autorités de santé. Elles ont donc décidé, sous la houlette de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), de réduire la durée de prescription maximale de cet antidouleur. À compter du 15 avril, les ordonnances ne pourront pas dépasser 3 mois, contre 12 jusqu’ici. Au-delà de cette période, une visite chez le médecin sera nécessaire pour effectuer un renouvellement.

L’ANSM espère ainsi limiter le mauvais usage qui peut être fait de ce médicament, et surtout le risque de dépendance. Celle-ci peut apparaître aux doses recommandées et sur une courte période. La prise de tramadol (Ixprim, Contramal, Biodalgic, Monoalgic, etc.) peut alors persister, quand bien même la douleur a disparu. C’est l’un des « usages problématiques » que l’agence souhaite réduire. Un rapport paru début 2019 est à l’origine de cette décision. Le tramadol y ressort comme un antidouleur très utilisé et source de complications. S’il arrive en tête des intoxications liées à la prise d’opioïdes, il est aussi la principale cause de décès liés à la prise d’antalgiques de cette famille.

Le tramadol est un médicament à prendre avec prudence, indiqué contre les douleurs modérées à intenses, mais pas dans le traitement de la migraine. Il est crucial de suivre à la lettre la posologie indiquée sur l’ordonnance et la durée du traitement. L’arrêt doit être progressif afin d’éviter un syndrome de sevrage (insomnie, irritabilité, troubles digestifs, douleurs, etc.). Si la douleur n’est pas soulagée par ce médicament, une consultation s’impose. Ne modifiez pas le dosage par vous-même.

Élisabeth Chesnais

22 janvier 2020

Tarifs des taxis : augmentations pour 2020

Tarifs des taxis : augmentations pour 2020

Avec le mouvement de grèves débuté en décembre, de plus en plus de personnes se tournent vers les taxis pour assurer leurs déplacements. Les tarifs viennent d’augmenter. Sur 10 ans, l’augmentation est supérieure à 20 %.

Tarifs des taxis Augmentations pour 2020

Très plébiscités, particulièrement pendant cette période de grèves, les taxis vont coûter un peu plus cher aux utilisateurs, au plus tard au 1er février 2020. Les tarifs, fixés par le Journal officiel, comprennent 3 composantes :

  • la prise en charge ;
  • l’indemnité kilométrique ;
  • l’heure d’attente ou de marche lente.

Et les prix peuvent être arrondis au centime d’euro supérieur.

Pour 2020, le tarif minimum de la course sera désormais de 7,30 € (contre 7,10 € en 2019). Par ailleurs, les tarifs sont désormais plafonnés à :

  • 4,18 € pour la prise en charge (+8 cts) ;
  • 1,12 € (+2 cts) pour le kilomètre parcouru ;
  • 37,46 € (+73 cts) pour la période d’attente (en cas de réservation par le client) ou de marche lente.

Pour les taxis parisiens, certains tarifs ne changent pas comme les 4 € en cas de réservation immédiate et les 7 € en cas de réservation à l’avance. De même, seul un supplément « passager » de 4 € peut être appliqué à partir de la 5e personne transportée.

Particularités des tarifs d’aéroports

Augmentation également du côté des tarifs forfaitaires des courses entre Paris et les aéroports (dans les 2 sens) :

  • 53 € (+3 €) entre Roissy-Charles de Gaulle et Paris rive droite ;
  • 58 € (+3 €) entre Roissy-Charles de Gaulle et Paris rive gauche ;
  • 37 € (+2 €) entre Orly et Paris rive droite ;
  • 32 € (+2 €) entre Orly et Paris rive gauche.

Les tarifs ne changent pas pour les courses depuis ou vers les aéroports de Nice, Cannes et Toulouse. Comme à l’accoutumée, le forfait est fixe et aucuns frais supplémentaires, ou majorations, ne peuvent y être ajoutés. Et cela, ni en fonction du nombre de kilomètres parcourus ou du nombre de bagages. Ce forfait rend par ailleurs inapplicable le prix au kilomètre parcouru et le prix de la prise en charge.

Il y a 10 ans

2010 2020 Augmentation
Tarif minimum d’une course 6,10 € 7,30 € +19,67 %
Prise en charge 3,36 € 4,18 € +24,40 %
Indemnité kilométrique 0,92 € 1,12 € +21,74 %
Période d’attente ou de marche lente 30,93 € 37,46 € +21,11 %

 

Yves Martin
22 janvier 2020